L’é­té amorce ses pre­miers feux. Demain, l’é­quipe muni­ci­pale sor­tante à tête de liste bicé­phale, Lutz-Rott­ner, se pré­pare sans doute à triom­pher sans gloire. 

Quoi donc de moins éton­nant que d’apercevoir ce same­di, veille de l’é­lec­tion, les sec­ta­teurs de la muni­ci­pa­li­té en place se bala­der en vélo à tra­vers la cité, parés de tee-shirts et de coupe-vents bleus siglés aux cou­leurs de leur slo­gan : « Mul­house en Grand » ?

Et en pro­fi­ter pour échan­ger un peu avec des élec­teurs poten­tiels, comme on le voit sur ces deux vidéos prises aujourd’­hui devant le centre com­mer­cial Porte Jeune :

Pro­blème : cela se déroule en dépit de l’in­ter­dic­tion por­tée à l’ar­ticle L.49 du Code élec­to­ral, lequel dis­pose que : « A par­tir de la veille du scru­tin à zéro heure, il est inter­dit de dis­tri­buer ou faire dis­tri­buer des bul­le­tins, cir­cu­laires et autres docu­ments », et plus géné­ra­le­ment du décret n° 2020–742 du 17 juin 2020, por­tant orga­ni­sa­tion du second tour des élec­tions muni­ci­pales de 2020 !

L’exé­cu­tif mul­hou­sien en roue libre, c’est main­te­nant. Tant il est vrai que le prin­cipe élec­tif parait n’être qu’une excep­tion for­melle, voire une for­ma­li­té pour nos édiles, qui aiment plu­tôt à culti­ver l’entre-soi. 

Donc à quoi bon consul­ter le péquin citoyen, d’o­ri­gine ouvrière, et qui vote peu de surcroit ?

Jean-Marie Bockel, maire (PS) jusque 2010, se choi­sit-il un suc­ces­seur sur l’autre bord de l’échiquier poli­tique, alors qu’il vient de virer sa cuti pour un maro­quin chez Sar­ko­zy ? Qu’à cela ne tienne, Jean Rott­ner (LR ex-UMP) n’au­ra besoin que des suf­frages du conseil muni­ci­pal, et non du popu­leux, pour s’y mettre à son tour. 

Michèle Lutz, entrante en poli­tique au cours de l’an­née 2014, en tant qu’ad­jointe de Rott­ner, lui suc­cé­de­ra en 2017 lorsque celui-ci pren­dra la pré­si­dence de Grand Est (qu’il avait conspué jusque là). Son élec­tion étant rati­fiée par le seul conseil muni­ci­pal, une autre fois devient coutume. 

De ce fait, on com­pren­dra mieux ce qui suit. 

Machines à fau­ter (le retour) 

Alterpresse68 a beau­coup évo­qué le carac­tère dou­teux et émi­nem­ment contes­table des ordi­na­teurs de vote dans ses colonnes, alors qu’ils sont, hélas, tou­jours de vigueur lors des scru­tins à Mulhouse. 

En voi­ci une rétros­pec­tive édifiante. 

L’un des reproches qui sont faits à ces machines à voter est d’a­bord et sur­tout qu’il s’a­git bel et bien d’or­di­na­teurs, en dépit du carac­tère de « cal­cu­la­trices », que les der­nières muni­ci­pa­li­tés à les employer (dont Rie­di­sheim, en plus de Mul­house) cherchent à leur conférer. 

Il est donc essen­tiel de veiller à leur bonne inté­gri­té, car celle-ci peut être alté­rée en moins d’une minute, comme le démon­trait la vidéo pré­sen­tée dans notre article : Com­ment les muni­ci­pa­li­tés de Mul­house et Rie­di­sheim cassent les urnes aux citoyens.

C’est donc avec conster­na­tion que nous avons été infor­mé que des machines ont été trans­por­tées ven­dre­di dans des écoles de Mul­house fai­sant office de bureau de vote (ain­si qu’il est fait sou­vent), mais à la plus grande stu­pé­fac­tion des ensei­gnant-es pré­sent-es sur place, décou­vrant médu­sés que les machines étaient lais­sées à dis­po­si­tion dans une pièce ouverte et sans pro­tec­tion par­ti­cu­lière, ni scel­lé !

L’ex­cellent talk-show amé­ri­cain « Last Week Tonight » pré­sen­té par John Oli­ver et dif­fu­sé par la chaine HBO (OCS en France), fai­sait état en octobre 2019 de la cala­mi­té démo­cra­tique repré­sen­tée par ces machines aux États-Unis, où elles y étaient régu­liè­re­ment lais­sées sans la moindre surveillance : 

C’é­tait d’ailleurs l’une des ques­tions que nous avions posées aux can­di­dats du pre­mier tour (à l’ex­cep­tion de la liste Lutz-Rott­ner et de Chris­telle Ritz du RN, qui ne nous ont pas répon­dus) : savez-vous où sont sto­ckées ces machines entre chaque élec­tion ? Aucune can­di­date ou can­di­dat n’a­vait pu nous répondre…

Mais à Mul­house, une fois encore, pour­quoi s’embarrasser de scru­pules démo­cra­tiques ? On sait désor­mais où elles se trouvent ces machines… à 2 jours du scrutin ! 

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