Notre pré­sident de la Répu­blique n’est jamais en retard d’une manoeuvre de diver­sion pour faire oublier la réa­li­té de ses erre­ments poli­tiques.

Long­temps hési­tant à faire sien ce thème du « com­mu­nau­ta­risme » il s’en empare désor­mais réso­lu­ment, tant les dif­fi­cul­tés sociales et éco­no­miques de l’heure réac­tivent les besoins de boucs émis­saires.

Mais il le fait avec, croit-il, sub­ti­li­té:  c’est le « sépa­ra­tisme » qui sera dans le viseur et non plus le bon vieux « com­mu­nau­ta­risme« pour fus­ti­ger ces groupes  qui auraient donc pour volon­té de se sépa­rer de la Répu­blique.

Cet automne ces sub­ti­li­tés séman­tiques et ces gros sabots poli­tiques devraient donc don­ner lieu à un pro­jet de loi qui exi­ge­rait de toutes les asso­cia­tions qu’elles signent un pacte d’en­ga­ge­ment sur la laï­ci­té.

Jean Cas­tex avait annon­cé le 15  juillet ce pro­jet de loi des­ti­né notam­ment à com­battre « l’is­la­misme radi­cal sous toutes ses formes » et à « évi­ter que cer­tains groupes ne se referment autour d’ap­par­te­nances, eth­niques ou reli­gieuses ».

Après les labo­rieux débats sur le port du voile, le dan­ger affir­mé d’un isla­misme galo­pant, les innom­brables lois sécu­ri­taires, il s’a­git donc main­te­nant de séduire un élec­to­rat qui se recon­naît volon­tiers dans une cer­taine droite, élec­tion pré­si­den­tielle pro­chaine oblige et constat fait du nau­frage de la macro­nie comme force de renou­veau du débat démo­cra­tique. 

Le débat est majeur à l’heure du pro­cès « Char­lie Heb­do », des aven­tures liba­naises qui débutent, des échecs annon­cés en Afrique sub­sa­ha­rienne, des vel­léi­tés de prendre pied en Irak, des débats sur la radi­ca­li­sa­tion en pri­son, et, bien sûr et sur­tout, de la pan­dé­mie et de ses gra­vis­simes consé­quences éco­no­miques et sociales.

Ce débat amor­cé dès février dans un quar­tier « sen­sible  » mul­hou­sien (Bourtz­willer) est un débat dan­ge­reux  s’il est cari­ca­tu­ral et mani­pu­la­teur car on ne com­bat pas le déli­te­ment des valeurs répu­bli­caines en stig­ma­ti­sant une frac­tion de notre socié­té.

Et tant qu’à débattre nous espé­rons que la ques­tion sera abor­dée dans toute sa com­plexi­té.

La lettre ouverte de la Fédé­ra­tion Natio­nale de la Libre Pen­sée que nous publions a le mérite de poser ces ques­tions en rap­pe­lant le contexte his­to­rique, les réa­li­tés com­plexes d’une laï­ci­té qui reste offi­ciel­le­ment la bous­sole répu­bli­caine.

Ouvrons donc ce dos­sier qui en appelle à tous les laïques (et pas aux « laï­cards »), à tous les démo­crate, aux  répu­bli­cains qui croient aux risques des poli­tiques du bouc émis­saire dans une socié­té déjà bien fra­gi­li­sée. Liber­té de conscience et éga­li­té des citoyens devant la loi ne peuvent dis­pa­raître.

La mise en ligne de cette lettre ouverte n’a d’autre ambi­tion que d’y contri­buer, conscients que nous sommes que le glis­se­ment séman­tique « sépa­ra­tisme » pour « com­mu­nau­ta­risme » annonce une stig­ma­ti­sa­tion à des fins poli­ti­ciennes de pans entiers de notre socié­té, lourde de dan­ge­reuses dérives, jus­qu’à remettre en ques­tion – entre autres – la consul­ta­tion sur l’au­to-déter­mi­na­tion de la Nouvelle-Calédonie.

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