Quoi d’autre qu’un mou­ve­ment social d’ampleur au niveau inter­na­tio­nal peut faire ces­ser les vio­lences dans le Moyen-Orient. Les « appels à la paix » des prin­ci­paux res­pon­sables poli­tiques sont de simples ges­ti­cu­la­tions qui laissent le Pre­mier ministre israé­lien de marbre. Pour lui, c’est bien la chasse aux Pales­ti­niens qui est l’objectif essentiel.

En cette fin d’après-midi du 19 mai à Mul­house, square de la Bourse, un ras­sem­ble­ment de plu­sieurs cen­taines de per­sonnes (nous en avons dénom­bré près de 400), a récla­mé, dans le calme et la digni­té, l’obligation impé­rieuse que cessent les com­bats en Israël-Pales­tine et qu’une paix durable s’installe. Et cela passe, pour le moins, par la recon­nais­sance de deux véri­tables États sur le ter­ri­toire que le gou­ver­ne­ment israé­lien veut conqué­rir à son seul profit.

Sous l’égide de la Ligue des Droits de l’Homme, de nom­breuses asso­cia­tions et par­tis poli­tiques, syn­di­cats, ont pris la parole pour dénon­cer les agres­sions que subissent les Pales­ti­niens : un immense dra­peau pales­ti­nien déployé dans la foule don­nait la tona­li­té. Tout ce monde était bien là pour exi­ger que les Pales­ti­niens puissent vivre en paix dans leur pays sans être constam­ment sous la menace de l’armée israé­lienne ou des colons fana­tiques qui veulent s’approprier, par la force s’il le faut, les ter­rains appar­te­nant à des Palestiniens.

C’est d’ailleurs cela qui a jeté les bases des com­bats actuels qui se nour­rissent pour­tant de dizaines d’années de poli­tique de l’État d’Israël humi­liant les popu­la­tions pales­ti­niennes. Or, jamais l’humiliation ne reste impu­nie : cela n’est qu’une ques­tion de temps pour qu’elle s’exprime en colère, voire en vio­lence, quand les per­sonnes concer­nées ont le sen­ti­ment qu’il n’y a plus rien à perdre à retrou­ver sa digni­té et son espace vital.

Les der­nières mesures du gou­ver­ne­ment Neta­nya­hou ont conduit à une situa­tion de ras-le-bol auprès d’une popu­la­tion qui n’en peut plus. Tant en Cis­jor­da­nie que dans la bande de Gaza.

Israël impose un régime d’occupation, de colo­ni­sa­tion et d’apartheid à l’ensemble des popu­la­tions non juives, dans les ter­ri­toires pales­ti­niens occu­pés, ou encore aux réfu­giés. Un régime qui s’appuie sur la loi fon­da­men­tale de « l’État Nation du Peuple Juif » adop­tée récem­ment, en 2018, loi consti­tu­tion­nelle qui nor­ma­lise le déclas­se­ment de citoyens israé­liens non juifs qui n’ont pas les mêmes droits que les autres.

Des colons extré­mistes veulent ins­tau­rer un régime d’épuration eth­nique, comme dans le quar­tier emblé­ma­tique de Sheikh Jar­rah, qui vise à « puri­fier » la popu­la­tion de Jéru­sa­lem-Est occu­pée, en rem­pla­çant les Arabes par des colons juifs.

En Cis­jor­da­nie, l’implantation illé­gale des colo­nies conduit à la des­truc­tion de mil­liers d’habitations qui génèrent le dépla­ce­ment for­cé de popu­la­tions. Sépa­ré, frac­tion­né et encer­clé par un mur de 10 mètres de haut sur plus de 750 km de long, dans un ter­ri­toire à peine plus grand que la moi­tié de l’Alsace, les cen­taines de check point, fixes ou volants, empêchent la libre cir­cu­la­tion de la population.

Les habi­tants de l’enclave dite « bande de Gaza », subissent un blo­cus inhu­main depuis plus de 15 ans. En 2008/2009, en 2012, en 2014, les Gazaouis ont subi les attaques de l’armée israé­lienne. C’est à coup de bombes à frag­men­ta­tion et au phos­phore que l’État d’Israël a détruit des hôpi­taux, des écoles, des mos­quées et des mil­liers d’immeubles. Bilan, 5 000 morts et près de 100 000 bles­sés, dont de nom­breux handicapés.

Car on ne peut s’y trom­per : il y a bien un agres­seur et des agres­sés dans ce conflit. Mais on ne peut deman­der que les agres­sés le soient à perpétuité.

Il ne s’agit donc pas uni­que­ment d’’appeler à un ces­sez-le-feu ! Mais bien à une solu­tion défi­ni­tive que tout le monde connaît d’ailleurs : la recon­nais­sance d’un véri­table État pales­ti­nien sou­ve­rain aux côtés d’Israël. C’est éga­le­ment ce que réclament des citoyens israé­liens en Israël comme des asso­cia­tions juives à l’étranger.

Tous les ora­teurs au ras­sem­ble­ment de Mul­house, dans des inter­ven­tions émou­vantes et dignes, l’ont exi­gé. Qu’ils soient porte-parole des orga­ni­sa­tions ou simples citoyens, ils ont tous dénon­cé les souf­frances endu­rées par les popu­la­tions et condam­nés le cynisme des nom­breux diri­geants dans le monde (dont le gou­ver­ne­ment fran­çais) qui ne font rien pour impo­ser la solu­tion pour que cesse défi­ni­ti­ve­ment cette humi­lia­tion per­ma­nente des Palestiniens.

Un petit groupe d’extrême droite a ten­té de s’infiltrer dans le ras­sem­ble­ment, vite mar­gi­na­li­sé par les par­ti­ci­pants et ensuite enca­dré par la police.

Preuve, ici à Mul­house, comme dans toute la France, que les mani­fes­ta­tions en sou­tien au peuple pales­ti­nien se passent par­fai­te­ment bien pour peu qu’on les auto­rise et qu’on fasse confiance aux orga­ni­sa­teurs. Exac­te­ment le contraire de la situa­tion pari­sienne de same­di der­nier, dont on se demande si l’interdiction décré­tée par le ministre Dar­ma­nin et le pré­fet Lal­le­mand ne fai­sait pas par­tie d’une stra­té­gie pour exa­cer­ber les ten­sions, comme l’ont rap­pe­lé quelques ora­teurs du ras­sem­ble­ment mulhousien.

Nou­veau ren­dez-vous : same­di 22 mai, pour une mani­fes­ta­tion à 14 h, au départ de la place de la Bourse.

Ci-dess­sous, la gale­rie pho­to­gra­phique de la mani­fes­ta­tion pro­po­sée par notre col­la­bo­ra­teur Mar­tin Wilhelm :

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