Promoteur du débat contradictoire depuis son origine, L’Alterpresse68, se veut clairement un média « non-aligné », ou hétérodoxe, comme on a pu le constater ces derniers mois à propos du traitement médiatique sur le covid. Notamment parce que nous n’adhérons pas à la narration inepte de pseudo-oppositions entre gentils et méchants.
En revanche, nous souscrivons bien davantage à l’idée que les personnes ou entités, ont nombre d’intérêts contradictoires à opposer, et qu’il convient de bien les connaitre avant de se déterminer ou prendre parti.
La propagande a remplacé l’information. Et chaque camp a ses bons apôtres. Unanimes. La presse en Russie présente sa version, uniforme et estampillé « vérité ». Les médias occidentaux ont compris qui était le diable et dans quel camp se situe la vertu. Unanimes. Plus de presse d’opposition.
Si vous essayez de comprendre, vous êtes de toute évidence à la solde des Russes et de sa désinformation. Ou bien vous n’êtes qu’un pauvre crétin naïf ! Il en va ainsi pour tous les sujets : plus aucun débat n’est possible car tout argumentation qui ne va pas dans le sens de la vérité établie par les pouvoirs est inaudible, et ne doit donc pas être diffusée ! Toute interrogation sur le bien fondé de tel ou tel argumentaire est une forfaiture. Et aux traîtres on promet le bûcher !
Combien d’intellectuels, de chercheurs, de journalistes, de citoyens, sont blacklistés pour avoir oser défier la vérité décrétée par les pouvoirs…
Des Jadot et Hidalgo se sont transformés en quelques heures en grands géopoliticiens… domaine dans lequel ils-elles n’ont pas fait preuve d’une grande acuité dans toute leur carrière politique.
Nous ne les suivrons pas dans l’impasse qui s’annonce. Nous rassemblons ici des informations et analyses, toutes sourcées, pour qu’aucune ne puisse être rangée dans la catégorie « fausse nouvelle », si commode aujourd’hui pour discréditer celles et ceux qui osent émettre des avis différents, destinés à éclairer un tant soit peu sur ce conflit et ses origines, ses causes lointaines et ses raisons immédiates.
Nous relatons quelques faits pour que vous puissiez vous faire votre propre analyse. Sachant que nous ne nous sentons proche ni de Vladimir Poutine, ni du camp occidental. Tous ont des intérêts divergents derrière une union de façade. Rappelez-vous que le téléphone de la chancelière Merkel était écouté en permanence par la NSA, l’agence américaine chargée de capter les signaux électromagnétiques d’un gouvernement allié, lequel accueille d’ailleurs des installations sur son propre sol !
Après la lecture de ces documents, peut-être vous ferez-vous une idée plus vaste des enjeux en question. Et repenserez à ce petit dicton que Paul Valéry nous a légué :
« La guerre c’est le massacre des gens qui ne se connaissent pas au profit des gens qui se connaissent mais ne se massacrent pas ! »
L’important, pour ce qui nous concerne, est d’abord de sortir la tête de l’essoreuse médiatique et du tropisme binaire et/ou manichéen dans lequel elle nous précipite, pour renouer avec une capacité de jugement éclairé et plus autonome.
Les textes seront suivis de deux excellentes entrevues vidéo réalisées par notre confrère « Le média », qui permettront de mieux saisir les tenants et aboutissants de ce conflit armé, en compagnie de Jean-Joseph Boillot, économiste, spécialisé en économie internationale des pays émergents, et Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales, et professeur émérite à Sciences Po Paris.
Enfin, nous diffusons deux vidéos publiées sur YouTube (avant et après l’invasion russe) par un journal associatif breton, « Le canard réfractaire », qui valent le coup d’être partagées pour prendre conscience de l’ensemble des ressorts et enjeux géopolitiques couverts par le conflit russo-ukrainien.
Ce qu’il se passe actuellement en Ukraine est gravissime, tant pour ce pays que pour notre continent. L’Europe est à nouveau sous le feu de la guerre, et nous ne pouvons qu’apporter notre solidarité au peuple ukrainien, bombardé par les forces russes dans l’entièreté du pays, jouet et victime d’intérêts géostratégiques, politiques et économiques sur lesquels ils n’ont pas de prise.
Michel MULLER et Mario DI STEFANO
1 – INDÉPENDANCE DE L’UKRAINE
Celle-ci fut proclamée le 24 août 1991 et confirmée par le référendum organisé le 1er décembre 1991 : 90,5 % d’électeurs votèrent pour l’indépendance. La semaine suivante, l’URSS cessa d’exister à la suite de la dissolution décidée lors de la réunion à Minsk des dirigeants russe, ukrainien et biélorusse.
Le 12 décembre, Leonid Kravtchouk (ancien membre du PC d’Urss) est élu président de la République. Des conflits d’intérêt opposent alors l’Ukraine à la Russie notamment sur le statut de la Crimée et sur le contrôle de la flotte de la mer Noire. En 1994, Leonid Koutchma (lui aussi membre du Parti communiste de l’Union soviétique de 1960 à 1991) ancien Premier ministre, est élu à la présidence de la République et sera réélu en 1999. À partir de ce deuxième mandat, Koutchma sera de plus en plus contesté pour des affaires de corruption, d’enlèvements de journalistes et autres pressions électorales et envers la presse.
Révolution orange
Le second tour des élections présidentielles de 2004 oppose Viktor Ianoukovytch, fidèle à Koutchma, et Viktor Iouchtchenko. C’est la victoire du premier qui est annoncé, mais le second dénonce des fraudes, donnant lieu à un mouvement populaire, la Révolution orange. Après de nouvelles élections, le 23 janvier 2005, Viktor Iouchtchenko devient le troisième président de l’Ukraine post-soviétique.
Le 6 septembre 2004 Viktor Iouchtchenko tombe malade, après un dîner avec Gori Tarochenkylo, chef des services secrets ukrainiens. Il se plaint alors d’avoir été empoisonné par des agents du gouvernement
Après de longs mois de tractations et de négociations pour former une majorité au parlement et un gouvernement, Viktor Iouchtchenko décide de nommer Viktor Ianoukovytch Premier ministre le 3 août 2006 (plusieurs heures après la date limite constitutionnelle pour en désigner un), validé par le Parlement le 4.
En 2010, Ianoukovytch, chef de l’opposition, remporte l’élection présidentielle. Il prend ses fonctions de président de la République d’Ukraine le 25 février 2010. L’emprisonnement et les conditions de l’emprisonnement de son opposante Ioulia Tymochenko suscitent de vives critiques en Europe occidentale.
Ingérences russes et états-uniennes
En novembre 2013, l’Ukraine décide finalement, en raison de pressions russes, de refuser l’accord avec l’Union européenne et de « relancer un dialogue actif avec Moscou ». Ce revirement entraîne d’importantes manifestations pro-européennes à Kiev rassemblant au moins 100 000 personnes, l’occupation de la place Maïdan et de la mairie, avec comme mot d’ordre la démission du président Viktor Ianoukovytch.
Dans la semaine du 17 février 2014, les manifestations sont durement réprimées causant la mort d’environ 80 personnes. Le 22 février, le Parlement vote la destitution du président Ianoukovitch, apparemment en fuite à l’est du pays. L’opposante Ioulia Timochenko est libérée et fait sa première apparition publique le soir sur la place de l’indépendance, en fauteuil roulant, après deux années de détention.
Le 18 mars 2014, à la suite d’un référendum tenu le 16 mars, le gouvernement russe annonce que la République de Crimée (correspondant à l’ancienne République autonome de Crimée) et la ville de Sébastopol, anciennement ukrainiennes, deviennent deux nouveaux sujets fédéraux de la Fédération de Russie.
Des manifestations dites pro-russe ses déroulent dans le sud du pays, fortement réprimées par la police ukrainienne, entraînant la mort de 32 manifestants, brûlés vifs dans la Maison des syndicats d’Odessa où ils avaient trouvé refuge. La totalité des victimes décédées seraient de 43, 174 ont été blessé.
Dans un rapport publié en 2019, la Mission de surveillance des droits de l’homme de l’ONU reproche aux autorités ukrainiennes de ne pas avoir fait le nécessaire pour mener une enquête impartiale et identifier les responsables de l’incendie. Par ailleurs, la mission regrette que certains suspects, parmi lesquels des responsables chargés du maintien de l’ordre, aient pu fuir en Russie et avoir ensuite reçu la nationalité russe
L’hebdomadaire allemand Bild, affirme que des dizaines de spécialistes du renseignement américain conseilleraient en sous-main le nouvel exécutif ukrainien, né de la chute de l’ex-président ukrainien et pro-russe Viktor Ianoukovitch, en février dernier.
À en croire l’édition dominicale du quotidien Bild, qui cite des sources du renseignement allemand, ces agents de la CIA et du FBI, qui ne seraient toutefois pas présents sur le terrain, aideraient Kiev à venir à bout de l’insurrection pro-russe ainsi qu’à mettre en place un dispositif de sécurité efficace.
Le bataillon Azov
Ce bataillon, chargé de lutter contre l’insurrection armée pro-russe à l’Est, a été formé le 5 mai 2014, d’abord à Marioupol pour garder les bâtiments administratifs. Il était composé d’environ 800 volontaires fin 2014, mais vit ses effectifs arriver à plus de 4 000 à la fin de 2016.
Le bataillon est accusé de nombreuses violations des droits humains. Il recourt en outre à des symboles d’inspiration nazie et est accusé de sympathies néonazies
Le ministre de l’Intérieur de l’Ukraine, Arsen Avakov déclare dans un post Facebook que les États-Unis vont envoyer à partir du 20 avril 2015, 290 parachutistes en Ukraine entraîner des unités comme le bataillon Azov. Par contre, le gouvernement canadien qui enverra des troupes pour entraîner l’armée ukrainienne, refuse de former le régiment Azov pour ses sympathies au néonazisme.
Les inspirations idéologiques d’Azov sont issue du mouvement des Patriotes d’Ukraine, un groupuscule extrémiste qui appelle à une croisade chrétienne contre les juifs et les autres minorités qu’ils considèrent comme des « sous-hommes » Et des combattants venus de l’Assemblée sociale-nationale dont Oleh Odnorozhenko, son chef idéologique. Un combattant du bataillon Azov déclare même que « Poutine n’est même pas un Russe. Poutine est un Juif. »
La question linguistique
L’Ukraine est un pays multiethnique. Un rapport du Haut commissariat de l’ONU pour les droits de l’Homme a appelé, le 15 avril 2014, les autorités de Kiev à respecter les droits des minorités. Même si les Ukrainiens constituent 78 % de la population et les Russes environ 17 %, le pays est également constitué d’une mosaïque de minorités : Biélorusses, Moldaves, Bulgares, Hongrois, Roms, Polonais, Arméniens, Grecs, Allemands…
«La rupture des équilibres internes de cette nation fragile» s’est opérée le 23 février 2014 «avec la décision absurde (…) d’abolir le statut du russe comme seconde langue officielle dans les régions de l’Est –», observe Le Monde Diplomatique
La présence des États-Unis
Dès 2014, la présence effective de conseillers des États-Unis est officiellement admise. Ainsi, cette année, rapporte l’hebdomadaire L’Express, « L’Ukraine s’est dotée (…) d’un nouveau gouvernement pro-occidental incluant une Américaine, un Géorgien et un Lituanien à des postes clés, censés aider le pays à sortir d’une grave crise économique et à faire face au sanglant conflit armé dans l’Est. »
L’AFP, quant à elle, fait état dans une de ses dépêches, « qu’une Américaine, ancienne collaboratrice du département d’État américain, et un Lituanien, dirigeant d’un fonds d’investissement suédois, se sont vus confier les portefeuilles stratégiques des Finances et de l’Économie dans le nouveau gouvernement ukrainien, avec la lourde tâche de sortir l’économie du pays de l’impasse.
Naturalisés ukrainiens par décret spécial du président ukrainien Petro Porochenko quelques heures à peine avant leur nomination, l’Américaine Natalie Jaresko et le Lituanien Aivaras Abromavicius ont vu leur candidature entérinée par une large majorité du Parlement ukrainien, sous les applaudissements des députés. »
En mai 2014, le journal allemand Bild, fait état de « dizaines de spécialistes des services de renseignement et de la police fédérale des États-Unis conseillent le gouvernement ukrainien pour lutter contre les troubles à l’Est. »
En 2018, un conseiller stratégique américain, Keith Dayton, est entré en fonction au ministère ukrainien de la Défense et à l’état-major des Forces armées ukrainiennes, selon le service de presse du ministère. Donald Trump l’a désigné Ambassadeur des États-Unis en Ukraine à partir de 2020.
En 2019, Bill Taylor, qui a témoigné mardi 22 octobre devant la Commission de la Chambre des représentants chargée de l’enquête en vue de la destitution de Donald Trump. a fait part de sa que Donald Trump avait bel et bien fait pression sur l’Ukraine pour l’inciter à ouvrir une enquête sur le fils de Joe Biden. Ce dernier a été un temps soupçonné de corruption alors qu’il siégeait au comité de surveillance du groupe gazier ukrainien Burisma. (cité dans la presse occidentale)
Le 20 novembre 2020, l’Express affichait une conclusion : « Pauvres Ukrainiens, qui, en ces temps si troublés, auraient aimé avoir une autre relation avec Washington… « Nous avons besoin de l’expertise occidentale pour instaurer un véritable Etat de droit dans notre pays, commente Ivan Iakovina, expert en relations internationales, à Kiev. Finalement, la corruption est venue du pays sur lequel nous comptions le plus : les États-Unis. »
Les projets états-uniens sont peut-être d’une autre finalité que ce que pensait Ivan Iakovina…
La situation économique
Conjoncture vue par le Moniteur du Commerce International (MOCI) :
L’Ukraine a été sévèrement touchée par la crise de la Covid, aux plans sanitaire et économique. A la fin de décembre 2020, près d’un million de cas de Covid-19 ont été détectés et près de 13 000 décès étaient liés à la pandémie en Ukraine (décompte probablement incomplet). Dans le cadre de la lutte contre la diffusion du virus, les autorités ont mis en œuvre différentes mesures de distanciation sociale. Conséquence des mesures et de la dégradation des perspectives économiques, l’investissement, point faible de l’économie ukrainienne, a reculé de 35,4% en janvier-septembre 2020 en g.a. Dans ce contexte, la production industrielle, qui était déjà en territoire négatif avant le début de la crise, s’est contractée de 6,8% en janvier-octobre 2020 en g.a. (glissement annuel) ndlr
Avec un recul de 7,2% prévu par le FMI ou de 6% selon la Banque centrale en 2020, le PIB ukrainien pourrait connaitre sa plus forte baisse depuis 2015 (année où l’activité avait reculé de 9,8%). Le PIB ukrainien a ainsi reculé de 1,3% au 1er trimestre, de 11,4% au 2ème trimestre et de 3,5% au 3ème trimestre en g.a. Selon le FMI, la reprise en 2021 serait de 3%.
La consommation, qui reste solide, permet toutefois de limiter les effets de la crise avec des ventes de détail en hausse de 7,6% sur janvier-octobre 2020 en g.a., sur fond de hausse des salaires réels de 10,6% en septembre en g.a., alors que la progression du taux de chômage restait limitée à 9,9% au 2ème trimestre (contre 7,8% un an plus tôt). Autre facteur de résilience, l’importance du secteur agricole (9% du PIB en 2019) permet de limiter le recul du PIB ukrainien grâce notamment aux cours céréaliers orientés à la hausse.
Des mesures de soutien à l’économie ont été mises en place à partir de mars 2020 avec notamment : des exemptions d’impôts temporaires pour les entreprises, des suspensions de pénalités liées au non-paiement d’impôts, un programme de crédits à taux avantageux pour les entreprises, une suspension de loyer totale ou partielle pour les locataires de propriété d’Etat. Un plan de relance comportant 230 mesures dont l’application devrait s’étaler de 2020 à 2022 a été annoncé fin mai 2020 mais, faute de visibilité sur son application concrète, ses effets sont pour le moment difficiles à évaluer.
L’aide occidentale est massive pour soutenir l’économie ukrainienne: rien qu’en janvier2022, l’Union européenne ont promis un plan d’aide d’1,2 milliards de dollars, M. Macron a engagé la même somme au nom de la France, les USA promettent 200 millions, l’Allemagne a assuré aider financièrement mais n’a pas révélé la somme.
Déjà en 2014, la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton annonçais « l’UE et les Etats-Unis « développent un plan – un Plan Ukrainien, comme j’ai suggéré qu’ils l’appellent – qui examine ce que nous devons faire dès maintenant dans différents secteurs de l’économie pour améliorer les choses ». Elle n’a pas précisé le montant de l’aide envisagée mais a indiqué que « les chiffres ne seront pas modestes » et cité, parmi les pistes envisagées, la possibilité d’offrir des « garanties » financières, des aides à l’investissement ou encore le soutien à la monnaie ukrainienne pour assurer sa stabilité.
2 – OTAN ET PACTE DE VARSOVIE
A l’issue de la seconde guerre mondiale et en application des accords de Yalta (4 au 11 février 1945) et de Potsdam (du 17 juillet 1945 au 2 août 1945), les Alliés (sauf la France) ayant vaincus l’Allemagne nazie redessinent les frontières européennes avec deux zones essentielles : l’une sous l’influence états-uniennes avec une économie capitaliste destinée à être gouvernée par le dollar, l’autre sous influence soviétique avec une économie de type socialiste.
Ce « partage » portait en lui les nouvelles tensions qui allaient apparaître avec la guerre de Corée (25 juin 1950 – 27 juil. 1953), le compromis apparaissait bancal.
Création de l’OTAN
Devant la crainte d’une extension du champ socialiste, la partie occidentale sous influence états-uniennes, signe un traité, le 4 avril 1949, établissant le Conseil de l’Atlantique nord (CAN), et lui donne mission de mettre en place une organisation militaire intégrée permanente, ayant des capacités militaires qu’aucune autre alliance de défense ne possède. Son but est, entre autres de se prémunir contre toute tentative expansionniste de l’Union soviétique. Selon le mot de son premier secrétaire général, Lord Ismay, le rôle de l’OTAN consiste à « garder les Russes à l’extérieur, les Américains à l’intérieur et les Allemands sous tutelle »
Création du Pacte de Varsovie
Pour contrebalancer cette puissance à leurs portes, l’URSS et ses alliés créent Le Pacte de Varsovie en tant qu’ alliance militaire groupant les pays d’Europe de l’Est dans un vaste ensemble économique, politique et militaire. Il est conclu le 14 mai 1955 entre la plupart des pays communistes du bloc soviétique par un traité d’amitié, de coopération et d’assistance mutuelle. Nikita Khrouchtchev, qui en fut l’artisan, l’avait conçu dans le cadre de la guerre froide comme un contrepoids à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) qui avait vu le jour en avril 1949.
La principale raison ayant motivé la formation du pacte de Varsovie, selon l’exposé des motifs, fut l’adhésion de la République fédérale d’Allemagne « en voie de remilitarisation » au traité de l’Atlantique nord au moment de la ratification des accords de Paris le 9 mai 1955.
L’alliance issue du pacte de Varsovie est dissoute en juillet 1991 après l’effondrement des pays dits communistes.
En toute logique, le communisme n’étant plus une menace pour l’Ouest, le pacte de Varsovie ayant disparu, l’OTAN en tant que vestiges de la guerre froide aurait dû disparaître. Au grand dam de la nouvelle Russie…
Comme souvent dans ces cas, la diplomatie est entrée en jeu et le nouveau président russe Gorbatchev et le Secrétaire d’Etat US Baker ont trouvé un accord.
Accord de limitation de l’extension de l’OTAN
Les plus belliqueux des occidentaux récusent cette réalité pourtant incontestable et vérifiable. Un document appartenant aux Archives nationales britanniques fait la preuve de l’existence d’un engagement écrit passé entre les grandes puissances occidentales et la Russie à ne pas élargir l’Otan vers l’Est. C’est le magazine allemand Der Spiegel qui révèle son existence. Ce texte a été adopté en 1991, à la fin de l’ère soviétique entre Moscou, Washington, Londres, Paris et Bonn. Il engage l’Alliance atlantique « à ne pas dépasser l’Elbe » selon Jürgen Chrobog, alors directeur politique du ministère ouest-allemand des Affaires étrangères cité par le journal Der Spiegel.
Comme tout accord, celui-ci ne tient que par le rapport de force entre les signataires. L’OTAN considérant que la Russie n’avait pas les moyens de l’URSS pour faire respecter le texte, n’hésita pas à renier l’accord en s’implantant au fur et à mesure dans plusieurs pays (dont les pays baltes) pour arriver jusqu’aux portes de la Russie. On peut considérer qu’une certaine naïveté a conduit la Russie à croire à un respect scrupuleux de ce texte et elle peut à juste titre se considérer comme trompée par l’évolution de la politique de l’OTAN.
Il faut rappeler ici l’événement qui aurait pu terminer en tragédie quand l’URSS a voulu implanter des missiles sur l’île de Cuba dont le régime était allié à l’URSS. Les USA sous la houlette de Kennedy ont dénoncé cette installation à leur proximité et le renoncement du président Kroutchev a mis fin aux menaces de guerre nucléaire de la part des USA. On peut partager la crainte de voir des missiles pointés à quelques encablures de son territoire… mais dès lors cela doit être admis pour tous les pays qui se trouveraient dans ce cas.
Un nouvel ordre mondial ? Négocié ou avec une guerre ?
La coexistence entre l’OTAN et le Pacte de Varsovie était le reflet d’un nouvel ordre mondial issue des deux guerres mondiales du 20e siècle. Dont l’apparence visible était la coupure du monde en deux entités, capitaliste et socialiste, se partageant les pouvoirs et s’affrontant dans des conflits locaux mais meurtriers.
L’effondrement de tout le bloc socialiste, le passage à l’économie capitaliste de tous les pays au monde, rabat les cartes et de nouveaux rapports de force se mettent en place. Beaucoup d’observateurs considèrent qu’un nouvel ordre mondial se met en place, mais les leaderships ne sont pas encore définis. Nous sommes dans une période où les rapports de forces veulent s’imposer. Les USA se sont affaiblis à tout point de vue, elle continue de vouloir vassaliser tout ce qu’elle peut et c’est l’Europe qui doit se soumettre, comme le Japon en Asie. La Russie, humiliée par un affaiblissement colossal de ses moyens mais également de sa zone d’influence, tente de récupérer une partie de ses pertes, Vladimir Poutine considère que ce n’est que par la force et l’intimidation que cela peut se faire. La Chine attend de consolider une place de première puissance économique mondiale et tisse ses liens patiemment. L’Inde, autre puissance mondiale émergente, est pour l’heure en construction mais voudra également jouer un rôle dans la redistribution des pouvoirs. Et l’empire ottoman reste une obsession pour Erdogan et entreprend une reconstruction en tenant avec une main de fer la situation chaotique au Moyen-Orient et en Asie Mineure, empiétant sur les territoires des Perses que l’Iran aimerait bien reconstituer.
La mondialisation économique sous la domination exclusive du modèle libérale (même le PC chinois n’a plus rien à voir avec une économie socialiste) rappelle la situation mondiale d’avant 1914.
L’impression qui se dégage c’est que nous entrons dans une période d’alliances-affrontements à géométrie variable comme cela se faisait début du 20e siècle où des grandes puissances contrôlaient leurs territoires en vassalisant tout ce qu’il pouvait autour d’eux pour accroitre leur pouvoir. La Russie tsariste puis soviétique, les Ottomans et leur arrière-cour allant jusqu’aux confins de l’empire russe, les Mongoles asservissant les peuples limitrophes, les pays européens avec leurs zones d’influence réciproques qu’ils ont dû rassembler après 1918 pour se mettre sous la coupe des USA.
Ces lignes, très résumées de la situation début du 20e siècle, ont le mérite de tracer les enjeux et la dangerosité du monde actuel. La prochaine crise financière (qui est en gestation et qui peut éclater très prochainement) sera un accélérateur de cette guerre non encore déclarée.
La méthode Poutine pour redessiner les zones d’influence ont quelque chose de dangereux parce qu’elle tendrait à prouver que ce nouvel ordre mondial ne pourrait se faire d’une manière négociée mais se ferait par les affrontements. Militaires ? personne ne peut l’exclure. Utilisation des armes technologiques déstabilisant l’ordre chez un ou des candidats à la tête de ce nouvel ordre ?
Dans tous les cas, il faudra se méfier des faucons qui poussent aux affrontements : et ceux-là, chaque camp, en a une quantité considérable dans sa volière…
Les forces de l’OTAN
L’OTAN compte actuellement 30 pays membres. À sa création en 1949, l’Alliance comptait douze membres fondateurs : Belgique, Canada, Danemark, États-Unis, France, Islande, Italie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni. Les autres pays membres sont : Grèce et Turquie (1952), Allemagne (1955), Espagne (1982), République tchèque, Hongrie et Pologne (1999), Bulgarie, Estonie, Lettonie, Lituanie, Roumanie, Slovaquie, Slovénie (2004), Albanie, Croatie (2009), Monténégro (2017) et Macédoine du nord (2020).
L’OTAN coopère individuellement avec chacun de ses neuf « partenaires dans le monde » ou « partenaires mondiaux ». Ces pays sont l’Afghanistan, l’Australie, la Colombie, l’Iraq, le Japon, la République de Corée, la Mongolie, la Nouvelle-Zélande et le Pakistan.
COMPARATIF DES FORCES ARMEES EN 2016
Source : Infographie Le Monde
Personnels en services actifs :
- OTAN 3.200.000
- Russie 831.000
Têtes nucléaires :
- OTAN 7.065
- Russie 6.850
Sous-marins nucléaires lanceurs d’engins
- OTAN 22
- Russie 13
Avions bombardiers à long rayons d’action
- OTAN 157
- Russie 139
Chars d’assaut
- OTAN 9.857
- Russie 2.950
Blindés
- OTAN 29.275
- Russie 5.900
Avions de combat
- OTAN 5.277
- Russie 1.065
Porte-avions
- OTAN 13
- Russie 1
Frégates – Destroyers
- OTAN 252
- Russie 32
Budgets en 2017
- OTAN 954 milliards de dollars soit 2,43 % du PIB
- Russie 66,3 milliards de dollars soit 4,3 % du PIB
3 – 2014–2015 : ACCORDS DE MINSK
Une guerre s’est déclarée en 2014 entre les provinces russophones et l’armée ukrainienne appuyée par des milices privées. On estime à 14.000 le nombre de morts de part et d’autre. Un premier accord de cessez-le-feu fut conclu à Minsk en 2014 mais il ne mit pas fin à la guerre.
La volonté des autorités ukrainiennes de bannir la langue russe dans tout le pays mit le feu aux poudres puisque dans les provinces du Donbass et de Lougansk, la population est russophone à 80% et ne parlait pas l’ukrainien. Du jour au lendemain, le russe fut interdit dans les services publics, les journaux, la culture selon les informations venant du Donbass. Un nouvel accord de Minks fut conclut le 11 février 2015 appelé Minsk 2.
Les dirigeants de l’Ukraine, de la Russie, de la France et de l’Allemagne se sont mis d’accord sur des mesures concernant la guerre du Donbass. Les pourparlers ont été organisés par l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, à la suite de l’échec du protocole de Minsk. Ce traité devrait faire respecter le cessez-le-feu du 5 septembre 2014.
Décisions à mettre en œuvre par les autorités ukrainiennes et du Donbass. La Russie, l’Allemagne et la France sont les garants de son application.
Or, depuis 2015, aucune de ces mesures n’a trouvé son application. Le problème principal étant l’absence d’avancées sur la décentralisation des pouvoirs et sur le statut particulier d’autonomie local des provinces de Donetsk et de Lougansk que le gouvernement ukrainien devait mettre en place.
La déclaration de la création de République populaire du Donbass et de Lougansk en avril 2014 a mis sur le devant de la scène le désir d’autonomie de ces provinces russophones et cela a été une des questions clés d’ accord de Minsk 1 et Minsk 2.
L’autonomie est un concept de gouvernance largement appliqué en Espagne ou en Italie.
Devant le refus du gouvernement de Kiev de prendre en compte l’autonomie les habitants de ces provinces ukrainiennes soupçonnent les autorités ukrainiennes de vouloir reprendre le pouvoir par la force et d’expulser les populations russophones vers la Russie. Ce que certains milieux nationalistes ukrainiens ont exigé par de violentes diatribes à fortes connotations racistes et xénophobes, voir antisémites rappelant les propos nazis qui considéraient les Slaves (et particulièrement les Russes) comme des « Untermenschen », des sous-hommes.
Texte des accords de Minsk 2
- Assurer un cessez-le-feu bilatéral immédiatement.
- Assurer la surveillance et la vérification du cessez-le-feu par l’OSCE.
- Organiser une décentralisation des pouvoirs, par la mise en application d’une loi ukrainienne (loi sur le statut particulier), accordant de manière temporaire l’autonomie locale dans les oblasts de Donetsk et de Lougansk.
- Assurer une surveillance permanente de la frontière russo-ukrainienne par l’OSCE et instaurer une zone de sécurité à cette même frontière.
- Libérer immédiatement tous les otages et les personnes retenus illégalement.
- Adopter une loi ukrainienne visant à interdire les poursuites et les sanctions contre toutes les personnes impliquées dans la guerre du Donbass.
- Poursuivre un dialogue national entre les parties.
- Mettre en œuvre des mesures afin d’améliorer la situation humanitaire dans le Donbass.
- Procéder à des élections anticipées dans les oblasts de Donetsk et de Lougansk.
- Démilitariser la zone de conflit, en retirant du territoire ukrainien le matériel militaire, les forces armées et les combattants étrangers.
- Mettre en place un programme économique pour favoriser la reprise des activités et de l’économie locale dans le Donbass.
- Assurer la protection personnelle des participants aux consultations
4 – LE PROBLEME NORD STREAM 2
Peut-être sommes-nous là devant la vraie raison de ces tensions qui n’impliquent pas que la Russie mais aussi un des « alliés » des USA, l’Allemagne.
En 2020, le magazine « Le Monde de l’énergie » rappelait que « le besoin croissant en gaz de l’Union européenne (UE), emmenée par l’Allemagne et son fumeux « tournant énergétique », aiguise les appétits de la Russie et des Etats-Unis pour devenir ses principaux fournisseurs. »
Et de poursuivre : « Ce gaz sera nécessaire en Europe pour sa production d’électricité suite aux fermetures (en cours et prévus) des centrales à charbon et nucléaires, et aussi pour son chauffage qui basculera encore plus vers le gaz si l’électricité devient trop chère, comme en Allemagne. »
Pour l’instant, la Russie est le premier fournisseur européen de gaz naturel (40%), la Norvège est confrontée à l’épuisement de ses gisements. Il faut donc d’urgence trouver du gaz à profusion et pas cher.
Selon les statistiques du cabinet IHS Markit, le gaz russe représente 55% des importations allemandes, devant les livraisons de la Norvège (30,6%) et des Pays-Bas (12,7%).
En 2019, Gazprom, la société de production russe, a fourni à l’Europe 200,8 milliards de mètres cubes de gaz naturel, dont 40 % environ ont transité par l’Ukraine. Kiev a ainsi empoché quelque 3 milliards de dollars de frais de transit. L’accord venait à échéance fin 2019, un accord entre Moscou et Kiev l’a prolongé de cinq ans. Mais l’accord passé entre l’Allemagne et la Russie pour la construction des gazoducs Nordstream est considéré comme une menace par l’Ukraine mais également par les USA qui veulent fourguer leur gaz de schiste et d’autres pays européens, dont la France. Pourquoi ?
Car ces gazoducs posés au fonds de la mer Baltique relient directement la Russie et l’Allemagne qui devient dès lors le distributeur du gaz russe en Europe.
Accord stratégique pour l’Allemagne
Les États-Unis s’opposent depuis longtemps à ce projet de 9,5 milliards d’euros et le Sénat américain a voté en décembre dernier la mise en place de sanctions à l’encontre des entreprises qui travaillent à son élaboration.
Mais pour l’Allemagne ces menaces ne comptaient pas. Le SPD au pouvoir favorisait un approvisionnement « de gaz de bonne qualité et à bons prix ». Si on peut éviter le transit par l’Ukraine et son coût faramineux, tant mieux, les affaires sont les affaires ! D’autant plus que l’Ukraine était (et est toujours) soupçonnée de siphonner du gaz qui passe sur son territoire sans payer un fifrelin.
En 2014, le ministre de l’Energie Siegmar Gabriel affirmait haut et fort qu’il n’y avait pas d’alternative crédible au gaz russe pour l’Allemagne ! Il défendait en cela le gouvernement de Gerhard Schröder qui en en 2007 déjà, s’était porté garant d’un crédit d’un milliard d’euros proposé par les banques Deutsche Bank et KfW à Gazprom pour la construction de ce gazoduc germano-russe en mer Baltique.
Peu après avoir cédé le pouvoir à Angela Merkel, l’ancien chancelier Gerhard Schröder est engagé par Gazprom pour présider le Conseil de surveillance du consortium germano-russe chargé de construire ce gazoduc, dont Gazprom détient 51 %. Fin 2009, les autorités allemandes compétentes ont approuvé la construction du gazoduc.
Des intérêts bien compris… et une guerre entre alliés
Le capital du consortium Nordstream 2 est certes détenu à 51% par Gazprom mais d’autres partenaires sont intéressés devant l’aubaine qui s’annonçait : le producteur de gaz allemand Wintershall 15,5 % ; un autre producteur allemand, PEG Infrastruktur AG, filiale d’ E.ON Beteiligungen 15,5 % ; un transporteur de gaz néerlandais NV Nederlandse Gasunie 9 % ; et notre bon français bien connu Engie 9%.
On peut aisément comprendre ces entreprises qui défendent leurs intérêts et veulent accéder à un marché considérable pour les dizaines d’années à venir.
Dans un cadre géopolitique totalement chamboulé, cet accord entre l’Allemagne et la Russie déclenche, dès les années 2017–18 une levée de boucliers et des affrontements discrets mais intenses. C’est la Pologne qui dégaine la première, puis les Etats-Unis, principal acteur et initiateur de cette offensive. Plus les travaux avancent et plus les pressions sur l’Allemagne se font fortes.
Le Sénat américain a adopté le 15 juin 2017 un projet de loi menaçant d’amendes, de restrictions bancaires et d’exclusion aux appels d’offres américains, toutes les sociétés européennes qui participeraient à la construction de gazoducs russes. Les cinq groupes gaziers européens engagés dans le projet Nord Stream 2, auquel ils doivent apporter chacun 10 % du financement, sont directement menacés par ce projet de loi.
Au sommet de l’OTAN du 11 juillet 2018, Donald Trump met en cause l’Allemagne « prisonnière » de la Russie à cause du projet de gazoduc Nord Stream 2 et exige son abandon.
Il serait fastidieux d’énumérer quatre à cinq années de manœuvres, de menaces, d’affrontements pour faire échouer cette réalisation. Mais l’Allemagne ne cède toujours pas.
Les lobbies états-uniens font alors intervenir les institutions européennes qui trouvent des arguties juridiques pour retarder les travaux. Les associations de défense de l’environnement sont aussi mises à contribution. Les arguments les plus cocasses viennent de « Les Amis de la Terre », organisation créée avec le soutien financier de la compagnie pétrolière américaine ARCO : « l’Europe n’a pas besoin de nouvelles sources d’approvisionnement, car la consommation de gaz est amenée à décliner rapidement dans quelques années. En France par exemple, le gouvernement prévoit une chute de plus de 20 % d’ici à 2028. » !!!
Une autre cocasserie du même acabit vient du Ministère de l’Energie états-uniens qui sans rire baptise son gaz de schiste « gaz de la liberté ». “Augmenter nos capacités d’exportation est primordial pour répandre notre “gaz de la liberté” à travers le monde, en donnant à nos alliés une source diversifiée et abordable d’énergie propre”, a affirmé très sérieusement Mark Menezes, le sous-secrétaire américain à l’Énergie, cité dans un communiqué du ministère de mai 2019 selon le Huffington Post.
La pression monte jusque dans les rangs des partis politiques allemands : les Verts et le FDP épousent les thèses US et exigent l’arrêt de Nordstream… alors qu’il n’y a plus que quelques kilomètres de tuyaux à poser.
L’Ukraine vient à point nommer
Fin 2021, malgré tout, Nordstream est prêt à entrer en fonction et livrer 55 milliards de m3 de gaz à l’Allemagne.
A Berlin, une nouvelle coalition est en place : le SPD (pro Nordstream) gouverne en compagnie de deux partis, les Verts et le FDP, favorable à l’abandon du projet.
Le déclenchement des hostilités en Ukraine va permettre de relancer l’arrêt de Nordstream et relancer l’approvisionnement par du gaz de schiste US pourtant plus cher et dont l’extraction relève du déni environnemental. Pas de quoi interroger les Verts allemands dont les soucis pour la planète se dissolvent dans l’exercice du pouvoir réel !
Toutes ces pressions ne permettent pas à l’actuel chancelier Olaf Scholz de résister plus longtemps et devant la reconnaissance des Républiques séparatistes ukrainiennes capitulent en décrétant la suspension de l’exploitation du gazoduc…
Est-ce la fin de l’histoire ? On peut penser que non.
Dans l’état actuel des choses, les conséquences pour l’approvisionnement de l’énergie restent posées. La grande industrie allemande a un besoin impérieux d’énergie en ce moment de relance économique. En Allemagne, la croissance est alimentée par l’industrie et non par la consommation comme la France. Le renchérissement du coût de l’énergie qui va sans conteste intervenir très rapidement va conduire à des problèmes économiques et sociaux.
Les Etats-Unis promettent (évidemment !) de venir en « aide » pour compenser le ralentissement des approvisionnements… Certains spécialistes estiment que le prix du gaz va tripler vue les coûts d’extraction du gaz de schiste… et les norias de navires nécessaires vont accélérer la production de gaz à effets de serre.
Le soutien aux USA de la part des Verts allemands, rejoignant les libéraux du FDP semblent démontrer que l’écologie politique n’existe pas. Ni ici, ni ailleurs. Car comment comprendre que l’acceptation d’importer du gaz liquéfié des Etats-Unis, issu majoritairement du gaz de schiste qui est en train de ravager des contrées entières aux USA, ne soit qu’une formalité. Et que parallèlement, ils condamnent l’utilisation de l’énergie nucléaire qui, si elle a des défauts considérables, est décarbonée ? Cela pose une grave question : est-ce que l’écologie politique, quand elle arrive au pouvoir, devient « réalo » jusqu’au point de renier les engagements qui leur ont permis d’entrer dans un gouvernement ?
Encore une question pour les Verts allemands (et quelques autres) : selon le magazine Reporterre l’exploitation du gaz de schiste aux USA est une catastrophe également pour la consommation d’eau :
« Autre coût environnemental : la pollution des eaux, engendrée par la technique utilisée depuis la fin des années 1990 pour extraire le pétrole et le gaz de schiste, appelée fracturation hydraulique (ou fracking). Pour briser la roche enfouie sous terre, il faut une quantité phénoménale d’eau et de produits chimiques injectés à forte pression. Le pompage sur place de cette ressource ou son importation depuis des lacs ou des rivières d’autres États menace les réserves d’eau potable. Des fuites risquent de polluer les nappes phréatiques, et le stockage des eaux usées ainsi que leur transport sont eux aussi des sources de pollution potentielle. Le problème n’a fait qu’évoluer avec le temps. Une étude publiée dans Sciences Advances a conclu que les entreprises de forage ont utilisé 770 % d’eau supplémentaire par puits entre 2011 et 2016. Conséquence : une augmentation de 1 440 % d’eaux usées toxiques relâchées. »
Le contrôle de l’énergie dans ce monde globalisé vaut-il une guerre comme Paris valait bien une messe ? Il faut se rappeler l’avertissement que Jean Jaurès nous transmettait à la veille du déclenchement de la 1ère guerre mondiale :
« Le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » disait-il dans un discours le 25 juillet 1914… avant d’être assassiné quelques jours après, le 31 juillet par un exalté chauffé à blanc par les discours de l’ensemble des partis et syndicats (l’Union sacrée) et la presse à leur botte. Cela devait durer quelques jours selon la propagande officielle et omniprésente et sans trop de casse. Elle dura quatre ans et fut la plus meurtrière des guerres.
Dans le contexte actuel, il faut oser rester lucide et tenter de comprendre les enjeux dans lesquels on veut nous enrôler.
Bravo pour votre article sur l’Ukraine. Ça nous change de la propagande OTAN, USA, Europe et Cie. La guerre entre les peuples doit toujours être dénoncée mais … il faut la dénoncer partout!
L’accueil à bras ouverts des réfugiés Ukrainiens en Pologne est une bonne chose. Le mur récemment construit sur la frontière polonaise pour empêcher les « autres réfugiés » d’entrer va-t-il être détruit?
2 types de réfugiés: les bons et les mauvais.
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Pierrot Thomann