Cré­dit pho­to : Michel Muller 

Place Mer­moz, Saint-Louis, 16 h. En ce fris­quet same­di, le seul et unique dépu­té de la Nupes élu en Alsace, Emma­nuel Fer­nandes tenait un point de presse en cette ville qui craint pour l’avenir de sa cli­nique des trois Fron­tières. Il est pré­vu qu’elle soit ven­due au Groupe hos­pi­ta­lier de la région de Mul­house et Sud-Alsace (GHRMSA) et le per­son­nel ne cache pas son inquiétude.

Le but pre­mier de ce « point de presse » était de venir sou­te­nir le per­son­nel dans sa lutte pour l’existence d’une acti­vi­té médi­cale digne de ce nom dans une ville située à plus de 30 km du pro­chain hôpi­tal fran­çais. Point de presse super­be­ment igno­ré par le jour­nal unique local L’Alsace qui n’a pas dai­gné se dépla­cer ! Aurait-il eu la même atti­tude avec un dépu­té Macro­nien ou de droite ? On peut en dou­ter et regret­ter, une fois encore, l’orientation rédac­tion­nelle du jour­nal du Cré­dit Mutuel…

Nous avons jugé qu’il était de notre rôle de média défen­dant le plu­ra­lisme d’être pré­sent et de par­ler d’un évé­ne­ment qui ne se renou­velle pas tous les jours : un dépu­té qui vient rendre compte de son man­dat et qui apporte son sou­tien à une lutte sociale.

Entou­ré de nom­breux mili­tants de LFA, dont Pris­cille Sil­va, can­di­date NUPES aux der­nières élec­tions légis­la­tive dans la cir­cons­crip­tion de Saint-Louis, Emma­nuel Fer­nandes avais sou­hai­té faire une visite à la Cli­nique. La direc­tion avait dans un pre­mier temps, refu­sé au dépu­té l’accès à l’établissement. C’était sans comp­ter avec le per­son­nel soi­gnant qui a reçu cha­leu­reu­se­ment l’élu : on ne refuse pas un sou­tien pour sau­ver leur cli­nique et leur emploi.

Comme vous pou­vez l’entendre dans l’enregistrement que nous avons réa­li­sé, le dépu­té et ses amis, ont recueilli les pro­pos de membres du per­son­nel, pro­fon­dé­ment tou­chés par ce qui leur arrive. Et en colère…

En colère car le per­son­nel a appris la vente de leur cli­nique… par des patients ! Et évi­dem­ment, ne croient pas une seule seconde que les élus du coin n’étaient pas au cou­rant. Le seul repre­neur sur les rangs serait le GHRMSA qui envi­sa­ge­rait de fer­mer le bloc opé­ra­toire et de chi­rur­gie, l’endoscopie, la méde­cine et la chi­rur­gie ambu­la­toire, ain­si que l’unité de sur­veillance conti­nue et la cardiologie.

Emma­nuel Fer­nandes et Pris­cille Sil­va, émus de ce qu’ils ont enten­du, ont dénon­cé publi­que­ment la poli­tique de san­té mise en œuvre par tous les gou­ver­ne­ments qui se sont suc­cé­dé, et dont l’orientation se résume sim­ple­ment : impo­ser à l’hôpital public les mêmes normes de ren­ta­bi­li­té qu’au pri­vé, en sup­pri­mant des lits, en met­tant les éta­blis­se­ments hos­pi­ta­liers sous la coupe des Agences Régio­nales de San­té (ARS), pour les­quelles la san­té est avant tout un business…

Les consi­dé­rables dégâts com­mencent à être de plus en plus visibles d’où la colère des per­son­nels ! Mais même la période du Covid n’a rien chan­gé : durant cette période dif­fi­cile à tous les égards, les ARS ont conti­nué à sup­pri­mer des lits !

Une seule remarque d’une infir­mière de la Cli­nique suf­fit à résu­mer la situa­tion de l’établissement et le res­sen­ti des per­son­nels : « Nous assis­tons à la mort de la santé… »

Le dépu­té NUPES a pu faire part au per­son­nel des posi­tions que défend son groupe à l’Assemblée Natio­nale : sup­pri­mer l’influence des entre­prises pri­vées dans les acti­vi­tés médi­cales et hos­pi­ta­lières, assu­rer un ser­vice de san­té public de proxi­mi­té à moins de trente minutes de chaque Fran­çais, reva­lo­ri­ser les métiers et les reve­nus et garan­tir des condi­tions de tra­vail accep­tables pour tous les per­son­nels, réin­té­grer les per­son­nels sus­pen­dus avec u pro­to­cole sani­taire ren­for­cé, embau­cher de nou­veaux per­son­nels et rou­vrir des ser­vices d’urgences, ain­si que des mater­ni­tés et des Ehpad publics.

Déjà bien ébran­lée par les fer­me­tures de ser­vices voire d’établissements dans le Haut-Rhin, la NUPES s’opposent fer­me­ment à celles pré­vues à Saint-Louis.

UN INQUIÉTANT ANTI-PARLEMENTARISME

Ren­con­trer un dépu­té de gauche dans cette période où l’Assemblée natio­nale a connu des débats hou­leux, bien orga­ni­sés par la mino­ri­té macro­nienne, est une occa­sion en or pour recueillir son sen­ti­ment sur ce qui se passe au Palais Bourbon.

De toute évi­dence, M. Macron (arri­vé second aux élec­tions pré­si­den­tielles à Saint-Louis, der­rière… Jean-Luc Mélen­chon) ne digère pas sa défaite aux élec­tions par­le­men­taires. Uti­li­sant l’obstruction des débats et l’application du 49/3 pour blo­quer la dis­cus­sion, le Pré­sident, aidé par tous les médias à son ser­vice, tente de faire pas­ser les dépu­tés pour des « agi­tés » et le débat par­le­men­taire pour une « cours de récréa­tion ». En ciblant prio­ri­tai­re­ment la seule oppo­si­tion réelle qu’il doit affron­ter : les dépu­tés de l’alliance de la NUPES…

Il veut ain­si faire pas­ser dans la popu­la­tion, l’idée qu’une « bonne » Assem­blée Natio­nale est celle qui est au ser­vice du Monarque sans sour­ciller. C’est pour­tant, cette concep­tion de la 5e Répu­blique qui est en train d’affaiblir la démo­cra­tie et la confiance dans les par­tis politiques.

C’est ce qui se passe actuel­le­ment au Palais Bour­bon qui relève de la démo­cra­tie et du par­tage des pou­voirs ! La viva­ci­té de cer­tains débats n’est en rien dom­ma­geable à l’exercice de la démo­cra­tie. Des dépu­tés « Play­mo­bil » au ser­vice du pré­sident, si…

Per­sonne n’est dupe ! Pour impo­ser des réformes impo­pu­laires et inutiles pour détruire le modèle social, le pré­sident Macron a besoin d’un Par­le­ment docile et tota­le­ment acquis à sa politique.

La seule solu­tion serait de dis­soudre l’Assemblée natio­nale ! Mais dan­ge­reux car rien ne dit qu’actuellement les résul­tats seraient meilleurs pour la Macro­nie… Pour inver­ser le cours des choses, il faut donc impo­ser l’idée que la France n’est gou­ver­nable que si le Par­le­ment est sous la coupe du Pré­sident de la Répu­blique et que les « emm… » sont les dépu­tés de la NUPES.

Puis de guet­ter les mou­ve­ments d’opinions pour refaire des élec­tions en croi­sant les doigts pour que le résul­tat soit conforme aux attentes du Monarque plan­qué dans son palais.

Ce jeu poli­ti­card est d’une dan­ge­ro­si­té encore insoup­çon­née : l’antiparlementarisme qu’utilise M. Macron pour arri­ver à ses fins jette le dis­cré­dits sur l’ensemble de l’institution. Et l’histoire nous rap­pelle où mène l’antiparlementarisme, les années 30 en Europe en sont des témoins…

Selon Emma­nuel Fer­nandes, la NUPES est bien consciente de cela et elle ne craint pas une dis­so­lu­tion : « Nous repar­ti­rons au com­bat » nous dit-il !

Michel Mul­ler a ani­mé sur place des échanges en com­pa­gnie des per­sonnes pré­sentes lors de ce point presse. Nous vous pro­po­sons d’en écou­ter ci-des­sous les prin­ci­paux passages :

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