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Ain­si, une veillée sera orga­ni­sée, nous informe l’AFPS, ce ven­dre­di à 18 h 30 devant la sous-pré­fec­ture de Mul­house, 2, place du Géné­ral De Gaulle. 

« Chaque orga­ni­sa­tion, asso­cia­tion, col­lec­tif, citoyen.ne pour­ra prendre la parole. » pré­cise l’AFPS au nom des orga­ni­sa­teurs.  « Nous insis­tons tous sur la situa­tion huma­ni­taire dra­ma­tique et la néces­si­té d’ar­rê­ter le mas­sacre. Nous obser­ve­rons une minute de silence et allu­me­ront des bou­gies que les par­ti­ci­pants appor­te­ront. Chaque per­sonne pré­sente pour­ra prendre la parole sans contrainte pour une durée brève. »

Et les orga­ni­sa­teurs concluent leur appel en annon­çant « les suites pos­sibles après la pro­chaine réunion des orga­ni­sa­tions le mar­di 14 novembre. »

COMBATTRE l’ANTISEMITISME ET LE RACISME

A l’heure où le gou­ver­ne­ment israé­lien refuse l’idée même d’un arrêt des hos­ti­li­tés, ne serait-ce que pro­vi­soi­re­ment pour sau­ver la popu­la­tion mar­tyre pales­ti­nienne de Gaza, il ne s’agit pas de relâ­cher la pres­sion à exer­cer sur Neta­nya­hou pour qu’il cesse le mas­sacre que son armée inflige aux popu­la­tions pales­ti­niennes. Je sais bien qu’ici, pour ne pas être accu­sé de je ne sais quelle com­pli­ci­té avec le Hamas, je dois écrire que ce mas­sacre répond à un autre per­pé­tré par le Hamas le 7 octobre… Voi­là qui est fait et qui montre l’absurdité d’un sys­tème d’information qui relève plus, aujourd’hui, d’une guerre de com­mu­ni­ca­tion dans laquelle la plu­part des jour­na­listes s’inscrivent sans hési­ta­tion, ni de prin­cipes déontologiques. 

La police des mots veille : gare à celui qui n’utilisent pas les sub­stan­tifs, verbes, adjec­tifs et adverbes qui cor­res­pondent à une pen­sée qui veut domi­ner tout le débat ! Vous êtes vite mis sur le banc de l’infamie si vous ne cor­res­pon­dez pas aux canons de l’information éta­blis par la presse dominante.

Un de ces canons est actuel­le­ment l’instrumentalisation du terme « anti­sé­mite » … Nous avons déjà vu les erre­ments qui conduisent une obs­cure séna­trice du Haut-Rhin à signer une pro­po­si­tion de loi assi­mi­lant anti­sio­nisme à anti­sé­mi­tisme ! Bêtise ou mani­pu­la­tion, on peine à des­cel­ler les rai­sons de cet amal­game imbé­cile entre deux termes qui n’ont rien à voir.

Peut-être est-il utile de rap­pe­ler que le terme « sémite », selon le Larousse, cor­res­pond à « qui appar­tient à un ensemble de peuples du Proche-Orient, par­lant ou ayant par­lé dans l’Antiquité des langues sémi­tiques ». Aux­quelles sont assi­mi­lées l’hébreu… et l’arabe !

Les langues sémi­tiques sont aujourd’­hui encore fort répan­dues. On men­tion­ne­ra, outre l’hé­breu, l’a­rabe et ses nom­breuses variantes, l’é­thio­pien et le néo-ara­méen et bien d’autres font par­tie du groupe des langues sémi­tiques. L’Institut du monde arabe expli­cite cela avec per­ti­nence.

Selon cer­tains cher­cheurs, il fau­drait donc assi­mi­ler la haine contre les Arabes éga­le­ment d’antisémitisme ! Mais, d’une manière éton­nante, l’antisémitisme ne concer­ne­rait que les actions anti-juives (voir le Robert).

Cela s’explique : pour expli­quer les actions contre les juifs dans l’Allemagne du XIXe siècle, aupa­ra­vant essen­tiel­le­ment à l’instigation des auto­ri­tés reli­gieuses chré­tiennes, un jour­na­liste alle­mand, Wil­helm Marr, invente véri­ta­ble­ment le terme « Anti­se­mi­tis­mus » dans le sens « d’hos­ti­li­té aux Juifs », à l’oc­ca­sion de la fon­da­tion d’une « ligue anti­sé­mite » en 1879. Car à cette période, ce qui était une haine reli­gieuse nom­mée anti­ju­daïsme, devient une haine poli­ti­co-sociale pour laquelle il fal­lait trou­ver un terme : ce fut antisémitisme.

UNE MÊME PLAIE QUE L’ON NOMME RACISME

Déjà en 2021, les co-ani­ma­teurs d’ « Une autre voix juive », Oli­vier Gebuh­rer et Pas­cal Lede­rer, consi­dé­raient que l’antisémitisme « se conjugue dans notre pays avec un racisme anti-Arabes et une haine des musul­mans qui, sous des formes variées, ont pignon sur rue, prennent des formes pré­ten­du­ment civi­li­sées et ruis­sellent de la bouche de cer­tains com­men­ta­teurs, dont le cham­pion le plus odieux est le pétai­niste Éric Zem­mour, accom­pa­gnés de médias com­plai­sants. En fait, ces deux types d’expression raciste consti­tuent les deux faces insé­pa­rables d’une même pièce. »

Dès lors, il devient cho­quant d’entendre un dépu­té, certes de droite, Meyer Habib, repré­sen­tant la 8e cir­cons­crip­tion des Fran­çais de l’étranger (dont font par­tie les Fran­çais d’Israël), décla­rer : « Le nou­vel anti­sé­mi­tisme est tou­jours pré­sent en France, notam­ment à la gauche de cet Hémi­cycle avec les isla­mo-­gau­chistes, et 37 dépu­tés Nupes qui, au moins, sont clairs dans leur haine des juifs et d’Israël. » Le tout, sous le regard de 89 dépu­tés RN sié­geant juste au-des­sus de lui, héri­tiers d’un par­ti fon­dé par des anciens SS, et qu’il épargne soi­gneu­se­ment. À l’origine de son ire ? Une réso­lu­tion, por­tée par les élus com­mu­nistes, pro­po­sant de condam­ner le « régime d’apartheid ins­ti­tu­tion­na­li­sé » en Israël contre les Palestiniens.

L’EXTRÊME DROITE RESTE ANTISEMITE

Ce Meyer-Habib, ami décla­ré de Ben­ja­min Neta­nya­hou, n’est pas connu pour sa finesse d’analyse mais plus par la pra­tique du bull­do­zer ! Avec ses dis­cours extré­mistes, il ali­mente jus­te­ment l’antisémitisme : son qua­li­fi­ca­tif d’« isla­mo-gau­chiste », uti­li­sée aus­si par la Macro­nie, res­semble étran­ge­ment au « judéo-bol­ché­visme » de l’entre-deux guerres au XXe siècle.

L’ancien ministre socia­liste Benoît Hamon a décla­ré en avril der­nier : « J’observe qu’on a par­lé des ‘‘judéo-bol­che­viques’’ avant la Seconde Guerre mon­diale, les mêmes, le même cou­rant, main­te­nant ce sont les isla­mo-gau­chistes. On ne se rend pas compte de là où on va aujourd’hui. » 

Car les mêmes cou­rants de droite, du centre et d’extrême-droite décla­rait quelques années plus tard, à l’unisson : « Plu­tôt Hit­ler que le Front Popu­laire ». On connaît la suite… l’extermination de mil­lions de juifs par les nazis avec l’aide assu­mée de l’Etat Fran­çais de Pétain.

Mais pour­quoi, ces for­ma­tions poli­tiques étaient-elles anti­sé­mites avant la guerre ?

Dans l’Ency­clo­pé­die mul­ti­mé­dia de l’Holocauste, la situa­tion d’avant la deuxième guerre mon­diale, livre une expli­ca­tion : « la Révo­lu­tion bol­che­vique, la nais­sance de l’U­nion sovié­tique et la brève expé­rience du com­mu­nisme en Bavière et en Hon­grie effrayèrent les classes moyennes dans toute l’Eu­rope et même de l’autre côté de l’At­lan­tique, aux États-Unis. Aux yeux des anti­sé­mites, la pré­pon­dé­rance de com­mu­nistes d’o­ri­gine juive dans les régimes révo­lu­tion­naires (Léon Trots­ki en Union sovié­tique, Béla Kun en Hon­grie et Ernst Tol­ler en Bavière) confir­mait l’at­trac­tion « natu­relle » des Juifs pour le com­mu­nisme international.

Enfin, en Alle­magne, en Autriche et en Hon­grie, l’hu­mi­lia­tion, mise en mot dans le Trai­té de Ver­sailles, d’a­voir été dési­gnés res­pon­sables de la guerre et de devoir payer des répa­ra­tions aux vain­queurs, sus­ci­ta une vague de colère et de déses­poir au sein du monde poli­tique. Il ne res­tait plus aux radi­caux de droite qu’à exploi­ter poli­ti­que­ment ces sentiments. » 

C’est donc bien avant tout pour des rai­sons de poli­tiques éco­no­mique et sociale, que la droite et sa par­tie extrême, ins­tru­men­ta­li­sait une haine ances­trale des juifs, pour divi­ser les peuples en fai­sant émer­ger la thèse du bouc-émis­saire, res­pon­sables de la situa­tion désas­treuse pour mas­quer leur propre res­pon­sa­bi­li­té dans les pro­fondes crises sociales de cette période.

LA HAINE DES ARABES REMPLACENT CELLES DES JUIFS

Dans nos socié­tés occi­den­tales, la haine des Juifs ne peut plus être uti­li­sés à ces mêmes fins. La com­pa­rai­son avec les années d’avant-guerre n’est pas incon­grue : nous connais­sons une pro­fonde crise éco­no­mique, sociale, avec des popu­la­tions désen­chan­tées, écra­sées par une mon­dia­li­sa­tion qui les inquiètent et leur donne l’impression d’un ave­nir incer­tain, voire inexistant.

Devant les mécon­ten­te­ments de plus en plus forts, dans la qua­si-tota­li­té des pays occi­den­taux, l’apparition de révoltes qui se pola­risent de plus en plus contre le sys­tème éco­no­mique domi­nant, le capi­ta­lisme, il faut ser­vir à nos popu­la­tions, des « res­pon­sables » : ce sont donc les immi­grés et les migrants. Mais atten­tion, pas n’importe les­quels ! Ce sont donc bien les Arabes et les musul­mans avant tout.

Pour­quoi n’avons-nous pas le nombre d’actes anti­mu­sul­mans éta­lés dans la presse ? Pour­quoi la police fran­çaise (mais alle­mande aus­si !) contrôle-t-elle avant tout les faciès noirs ou arabes ? Pour­quoi la dis­cri­mi­na­tion à l’embauche et à l’hébergement frap­pant ces popu­la­tions n’est-elle jamais résolue ?

Le racisme doit donc être autant com­bat­tu que l’antisémitisme : c’est une ques­tion de jus­tice et d’honneur.

LE RN A LA MARCHE CONTRE L’ANTISEMITISME !

Quelle ne fut pas ma sur­prise d’entendre Oli­vier Faure, pre­mier secré­taire du PS, invi­ter le Ras­sem­ble­ment natio­nal à par­ti­ci­per à cette marche ini­tiée par les deux pré­si­dents de droite du Par­le­ment, Gérard Lar­cher pour le Sénat, et Yaël Braun-Pivet pour l’Assemblée nationale !

Après son rétro­pé­da­lage on apprend que  Les par­tis socia­liste, com­mu­niste et éco­lo­giste, qui par­ti­ci­pe­ront dimanche à la marche contre l’an­ti­sé­mi­tisme, sou­haitent mettre en place « un cor­don répu­bli­cain » dans la mani­fes­ta­tion pour ne pas se mêler à l’ex­trême droite ! UN CORDON RÉPUBLICAIN ! Peut-on m’expliquer ce que cela veut dire ? On est côte-à-côte avec le RN, dans la même mani­fes­ta­tion, et on peut « tirer un cor­don répu­bli­cain ». Sym­bo­lique, je présume !

Si la gauche était consé­quente (doux rêve !), elle pren­drait une ini­tia­tive propre, par exemple un grand ras­sem­ble­ment contre « le racisme et l’antisémitisme », mêlant les deux délits, et ne don­ne­rait pas prise à un « front répu­bli­cain » inexis­tant sur le fond et invo­qué que pour exo­né­rer le pou­voir et les par­tis de droite qui l’appuient de leurs responsabilités.

Un front répu­bli­cain au moment où le Sénat vient d’adopter une loi sur l’immigration qui pointe les popu­la­tions immi­grées, et par­ti­cu­liè­re­ment musul­manes, comme les prin­ci­paux res­pon­sables des inci­vi­li­tés et de l’insécurité ? Com­ment les par­tis de gauche pour­ront-ils mobi­li­ser contre ces lois liber­ti­cides dans quelques semaines quand elles pas­se­ront à la Chambre des Dépu­tés. Après avoir par­ti­ci­pé à une démons­tra­tion uni­que­ment contre l’antisémitisme et négli­geant la lutte contre le racisme, com­ment pour­ront-ils encore avoir la moindre crédibilité…

Et, pour 2027, la voie vers le pou­voir est ain­si tra­cée pour les néo-fascistes…

Nous venons d’apprendre, par un com­mu­ni­qué de l’Association France-Pales­tine que « Mariam Abu­da­qa, diri­geante d’une grande orga­ni­sa­tion fémi­niste pales­ti­nienne de Gaza, mili­tante de 72 ans connue et recon­nue inter­na­tio­na­le­ment pour son com­bat pour le droit des femmes, a été vio­lem­ment arrê­tée cette nuit par la police fran­çaise. Elle est actuel­le­ment déte­nue, en état de choc, dans un com­mis­sa­riat pari­sien.

On mesure ce que cela signi­fie pour elle d’être arrê­tée par la police d’un État qui se pré­tend ami du peuple pales­ti­nien, alors même qu’un grand nombre de membres de sa famille ont été tués dans les bom­bar­de­ments indis­cri­mi­nés que mène Israël contre la popu­la­tion de Gaza et qu’elle suit, avec une énorme inquié­tude, la situa­tion de ses proches mena­cés de mort à chaque minute et pri­vés de tout moyen d’existence.

Mariam Abu­da­qa était venue en France, à l’invitation de plu­sieurs orga­ni­sa­tions de défense des droits du peuple pales­ti­nien, dont l’Association France Pales­tine Soli­da­ri­té, pour une tour­née de confé­rences sur son com­bat fémi­niste et la situa­tion à Gaza.

Alors qu’elle était entrée en France avec un visa par­fai­te­ment régu­lier déli­vré par les auto­ri­tés fran­çaises, elle s’était vue signi­fier un arrê­té d’expulsion en plein milieu de sa tour­née, un arrê­té que le tri­bu­nal admi­nis­tra­tif avait sus­pen­du par une ordon­nance le 20 octobre. Le gou­ver­ne­ment fran­çais s’était achar­né contre elle en fai­sant appel de cette déci­sion devant le Conseil d’Etat : celui-ci avait fina­le­ment, dans la jour­née du 8 novembre, annu­lé la déci­sion du Tri­bu­nal admi­nis­tra­tif. De nou­veau sous le coup d’un arrê­té d’expulsion, Mariam Abu­da­qa devait quit­ter la France à la date pré­vue, le 11 novembre prochain. »

Existe-t-il un qua­li­fi­ca­tif pour nom­mer cet acte ? Antipalestinatisme ?