Une conférence aussi technique que politique
Afin de peser sur les municipales, l’association Tiefenbach Environnement (ATE) organisait vendredi 7 février à 20h en la salle comble Théodore Monod une conférence sur les travaux entrepris par la multinationale suisse Novartis, afin d’assurer la dépollution du site de l’ancienne usine de pesticides Ugine-Kuhlmann (PCUK) à Huningue.
Une manière de faire feu de tout bois à l’approche des élections municipales, pour les militants de cette association qui se bat pour obtenir la dépollution du lindane à Colmar-Wintzenheim. Ainsi, un questionnaire a été adressé aux maires de l’agglomération et aux candidats aux municipales à propos notamment du dépôt des 750 tonnes de résidus cancérogènes de l’insecticide, stockés sur un terrain privé du ban communal de Wintzenheim.
Ainsi, tous les candidats aux municipales ont été invités lors de la soirée. Et si Gilbert Meyer, le maire actuel, n’a semble-t-il pas fait le déplacement, son concurrent surprise à la municipale, Éric Straumann, s’y trouvait. C’est que le dossier commence à peser dans la campagne du maire, à nouveau candidat à sa propre succession. D’autant qu’on lui prête désormais l’appui implicite et informel du RN, alors même qu’on l’apercevait récemment en la compagnie de membres du parti de Marine Le Pen. Un parti qui ne présentera pas de candidat à Colmar, comme dans 25 autres préfectures métropolitaines.
Huit années de travaux et des centaines de millions investis..
Novartis, propriétaire du terrain industriel de l’ex-PCUK, d’une surface de près de 6 hectares, a décidé d’investir en masse pour éradiquer le lindane (HCH) du site STEIH, un insecticide présenté sous la forme d’une poudre blanche très fine, classé depuis 1987 comme substance cancérogène. Pour ce faire, la multinationale aura déboursé 300 millions de francs suisses pour assainir le sous-sol pollué, en excavant notamment à l’aide de moyens techniques extrêmement dispendieux, près de 445 000 m³ de terre en huit ans.
De l’exemplarité de Huningue à l’hypothèse de Wintzenheim
Le conférencier, Claude Muller, ingénieur salarié de Novartis, avait la charge du suivi du chantier. Expliquant par le menu, à l’aide de diapositives documentées les moyens mis en oeuvre pour parvenir à la quasi disparition de toute trace de produit insecticide. (Voir vidéo ci-dessous). Un chantier qui s’est achevé en fin d’année dernière.
Site PCUK au début des années 70. Les monticules blancs de lindane sont dispersés à tous vents Site après dépollution Tentes de confinement pendant les travaux
Le mobile d’un tel investissement restant cependant difficile à cerner. Le conférencier se bornant à déclarer que l’esprit de responsabilité d’un grand groupe industriel tel que le sien à l’égard de la collectivité, justifiait plus de 8 années d’effort et le redoublement des dépenses.
Une situation symétriquement inverse à celle connue à Wintzenheim, où une nouvelle campagne de mesures des polluants a été lancée, qui devrait malheureusement confirmer l’atteinte continue de la nappe phréatique, aussi bien au niveau du dépôt que du lotissement voisin, ainsi que quelques traces décelables jusqu’aux abords de l’hôpital Pasteur et de l’hôtel départemental, comme cela était enregistré en 2018.
Une étude de faisabilité de l’extraction du pesticide aurait été diligentée par la préfecture. Les difficultés techniques qui s’annoncent relèvent d’abord de l’impératif de sécurisation des populations, (comme cela a d’ailleurs été souligné par Claude Muller au sujet du chantier de Huningue, notamment en raison de la volatilité du produit), pose donc la question du coût : 100 millions d’euros selon certaines estimations, et de la destination des déchets de lindane…
Vous trouverez ci-dessous 2 enregistrements, restituant la conférence tenue par Claude Muller pour l’association Tiefenbach Environnement, le vendredi 8 février à Colmar. Crédits vidéos: ATE.