En ce samedi 11 juillet, plusieurs centaines de personnes ont répondu à l’appel du collectif opposé à l’implantation d’Amazon en Alsace, devant les locaux de l’intercommunalité, rue de la Kirneck à Barr, afin de dénoncer l’opacité des transactions autour de ce projet, ainsi que ses conséquences néfastes pour l’environnement, l’emploi et le territoire.
C’était le second rassemblement après la manifestation du 20 juin dernier à Dambach-la-Ville, lieu d’implantation prévu du futur entrepôt du géant américain de l’e-commerce, dans le Bas-Rhin.
18 hectares de terrain appartenant à la communauté de communes du Pays de Barr, situés sur la plateforme d’activités d’Alsace centrale, au bord de l’A35, sont ainsi réservés à la construction des hangars de stockage, répartis sur trois niveaux.
Plusieurs interventions de spécialistes sur les sujets de l’environnement, de la santé, de la fiscalité, du commerce, de l’économie sont intervenus à cette occasion afin de sensibiliser une fraction importante de la population, simplement soucieuse de création d’emploi induite, et croyant retrouver Amazon de l’autre côté de la frontière dès lors qu’elle n’en voudrait pas.
On a vu dans cet article, combien la probabilité d’implantation d’un dépôt Amazon dans le Bade Wurtemberg voisin était rendu difficile, du fait de l’hostilité manifeste des écologistes aux commandes de son gouvernement.
Francis Palombi, président de la confédération des commerces de France était notamment présent sur place pour faire état de l’impact dramatique d’Amazon sur le petit commerce français.
Par ailleurs, Nathalie Ernst, élue à la communauté de communes et maire de Barr est venue échanger avec les citoyens et citoyennes, et les représentants des différentes associations.
Des leviers d’actions contre Amazon
Ce faisant, les animateurs de l’événement ont invité les manifestants à réfléchir sur les alternatives possibles au projet Amazon : à titre d’exemple les terrains dédiés au projet pourraient être utilisés pour l’installation d’agriculteurs en maraîchage permettant de compléter l’offre alimentaire actuelle sur Sélestat et le piémont des Vosges, entre Chatenois et Barr, notamment à destination des établissements du territoire (Ecoles, collèges, EPHAD, etc.).
Les participants ont également signé un courrier au président de la République. Lui rappelant sa position en faveur d’un moratoire concernant les infrastructures commerciales, lors de son intervention du 29 juin, alors qu’il répondait aux propositions des citoyens de la convention climat.
Ils ont également remis une pétition locale à la communauté de communes, rassemblant plus de 17 200 signatures d’opposant-es au projet.
Pour finir, les militants ont mené une action non-violente « Amazon : carton rouge », en dressant un mur de cartons devant la communauté de communes, afin de dénoncer le soutien de la collectivité au projet.
Un premier grand rassemblement suivi par d’autres
La mobilisation avait lieu dans le contexte de l’installation du nouveau conseil communautaire. M Claude Hauller, actuel maire de Dambach-La-Ville, a été élu à la présidence du pays de Barr, avec une seule voix d’avance, ce jeudi 9 juillet.
Il avait alors réitéré son soutien à l’installation d’Amazon sur son territoire, au grand dam du collectif d’opposants, qui dénonce une position qui ne prend en compte aucun des effets environnementaux, sociaux, de santé publique ou économiques qu’aurait l’installation d’Amazon.
Des militants du « Chaudron des alternatives » étaient sur place le 9 juillet afin de remettre aux élus un argumentaire détaillé sur les conséquences de l’implantation d’Amazon.
Deux temps forts de la semaine qui viennent renforcer la constitution d’un bloc d’associations, d’entreprises et de de citoyens contre Amazon en Alsace, alors même qu’un commissaire enquêteur vient de rendre un « avis favorable sans réserve » à un autre projet d’implantation, situé à Ensisheim, près de Mulhouse (Haut-Rhin).
Un membre du Chaudron des Alternatives affirmant d’ailleurs à ce sujet que :
“Le succès de ces premières mobilisations ne doivent pas nous faire perdre de vue que la bataille est plus large. D’autres entrepôts sont sur le point de voir le jour dans la région à Metz, Belfort, Reims, mais surtout à Ensisheim. L’urgence, c‘est Ensisheim désormais. La collectivité peut s’attendre à une mobilisation forte de notre part contre leur projet tramé dans la plus grande opacité.”