Une erreur de posi­tion vidéo s’est glis­sée dans l’ar­ticle, elle a depuis été cor­ri­gée. Avec nos excuses. 

Le site inter­net de l’Alsace publiait le 7 décembre 2018 une brève, puis le 8 décembre un article de Sabine Hart­mann, inti­tu­lé : « Par­kings bien­tôt payant à Mul­house ». En illus­tra­tion, on y voit une pho­to­gra­phie de l’entrée du par­king « P3 », situé à l’opposé de la rue du Doc­teur Laen­nec, avec les deux bar­rières et la caisse auto­ma­tique qui viennent d’y être installés.

Par­tant d’un constat fon­dé et maintes fois véri­fié par nombre de patients qui doivent se rendre à l’hôpital : on y avait sou­vent les pires dif­fi­cul­tés pour trou­ver une place de sta­tion­ne­ment. Il nous est même arri­vé d’observer des per­sonnes en venir aux mains pour se dis­pu­ter la prio­ri­té d’une place…

A ceci près que l’argument cen­tral vou­lait que les fron­ta­liers pré­fé­rassent y lais­ser leur véhi­cule, et que de plus indé­li­cats encore y sta­tion­naient leur véhi­cule plu­sieurs jours ou semaines, le temps d’un voyage de tourisme.

Un par­king qui, selon Jean Rott­ner, non-maire offi­ciel de la ville, ser­vi­rait « plus les auto­ca­ristes que les usa­gers de l’hôpital », comme on l’entend répondre à une inter­pel­la­tion en conseil muni­ci­pal, dans cette vidéo :

Un argu­ment d’autant plus spé­cieux que nous nous étions inter­ro­gés dans un pré­cé­dent article por­tant sur le sujet sur le sens d’une tari­fi­ca­tion heb­do­ma­daire à 25 euros, qui lais­sait à pen­ser qu’il ne s’agissait peut-être que de se posi­tion­ner sur le mar­ché, lucra­tif, du sta­tion­ne­ment sur­veillé payant, en concur­rence fron­tale avec ceux de la gare gérés par Citi­via, et fac­tu­rés 27 euros la semaine.

De là à sup­po­ser que l’un des objec­tifs était de dor­lo­ter la “clien­tèle” des fron­ta­liers, que l’on accu­sait jus­te­ment d’occuper indu­ment le par­king de l’hôpital, il n’y avait qu’une bar­rière, assez immo­rale, à franchir.

Quoi qu’il en soit, la pers­pec­tive du pas­sage au payant avant déclen­ché un tol­lé chez de nom­breux citoyens et usa­gers de l’hôpital, sans comp­ter l’amorce de mobi­li­sa­tion qui eut lieu autour des « tickets jaunes », dénon­çant le pro­jet et en appe­lant à la gra­tui­té des trans­ports publics pour contrepartie.

Le nou­veau pôle mère-enfant devait, quant à lui, accueillir un par­king sou­ter­rain qui n’a jamais pu être construit au motif, assure-t-on, du carac­tère trop argi­leux du ter­rain, de sorte que son par­king de sur­face se trou­vait déjà à satu­ra­tion au moment de l’ouverture de la maternité.

A ses ques­tion­ne­ments sur le plan de cir­cu­la­tion et ses dif­fi­cul­tés, la jour­na­liste de L’Al­sace se voit gra­ti­fiée par le ser­vice com­mu­ni­ca­tion du GHRMSA d’un : « pour le moment nous ne sommes pas en mesure de com­mu­ni­quer. Le plan n’est pas fina­li­sé ».  

Une pilule dif­fi­cile à ava­ler, sur­tout lorsque l’on exa­mine les men­tions qui y sont rap­por­tées au sein du conseil de sur­veillance durant l’année 2018, dont nous nous sommes pro­cu­rés, dans les pires dif­fi­cul­tés du fait des résis­tances admi­nis­tra­tives, une copie des procès-verbaux.

Le pro­jet y est évo­qué en effet pour la pre­mière fois au cours du conseil de sur­veillance de février 2018, soit 10 mois avant son annonce publique.

Un plan de dépla­ce­ment y est pré­sen­té, avec pour noyau la restruc­tu­ra­tion des par­kings du site mulhousien.

Franck Natale, ingé­nieur en chef des ser­vices tech­niques y pré­sente ain­si le pro­jet à la demande de Jean Rott­ner et de Marc Penaud, ancien direc­teur du GHRMSA.

Natale en expose dès février 2018 le détail : 250 espaces de sta­tion­ne­ment sup­plé­men­taires pour les usa­gers et pro­fes­sion­nels, mais sur­tout leur bas­cu­le­ment vers le modèle payant. Les consul­tants dis­po­sant d’un ticket gratuit.

Ce fai­sant, il annonce que les tra­vaux démar­re­ront après l’été 2018, et dure­ront 6 à 7 mois.

Mieux, le cout pré­vi­sion­nel des tra­vaux est éta­bli à 1,5 mil­lions d’euros, et il est expli­ci­te­ment pré­ci­sé que celui-ci sera finan­cé par les recettes du parking.

Une demande de pré­sen­ta­tion en CHSCT est for­mu­lée par un membre du conseil de sur­veillance, dont il ne sera don­né aucune suite au sein de l’instance. 

Le pro­jet est donc clai­re­ment éta­bli à l’orée de l’an­née 2018. De sorte que les déné­ga­tions de la direc­tion hos­pi­ta­lière en décembre 2018, ne valaient que pour amu­ser l’habituelle gale­rie jour­na­lis­tique, dont on savait qu’elle ne réa­li­se­ra jamais un quel­conque tra­vail d’enquête. Il ne s’a­gis­sait donc que de tem­po­ri­ser la colère des usagers.

Les tra­vaux en cours font l’objet d’un rap­pel lapi­daire au conseil de sur­veillance du mois de mars 2018, à l’occasion de la pré­sen­ta­tion de nou­veaux membres de l’équipe de direction.

Rien non plus au conseil du mois de novembre 2018 : le compte-ren­du men­tion­nant que le point sur les par­kings est « dif­fé­ré ».

C’est au conseil du mois de jan­vier 2019 que le sujet revient alors sur la table, alors que L’Alsace et les DNA en ont déjà expo­sé les prin­ci­pales caractéristiques. 

Franck Natale fait état devant le conseil des moti­va­tions qui ont com­man­dé la bascule.

Il s’a­git de l’amélioration des flux dans l’accès aux sta­tion­ne­ments, par leur régu­la­tion, notam­ment au regard de pro­blé­ma­tiques de sécu­ri­té (argu­ment qui n’avait jamais ser­vi jusqu’ici), et la fonc­tion de « par­king-relais » impro­vi­sé, à laquelle il fal­lait mettre un terme.

L’aspect éco­no­mique est évo­qué sans scru­pules : le chiffre d’affaire annuel est esti­mé autour de 200 000 à 250 000 euros. De quoi amor­tir l’ensemble des tra­vaux en 6 ans. Un inves­tis­se­ment somme toute assez ren­table, mais qui amoin­dri­ra à grand peine l’ac­tuelle disette bud­gé­taire de l’hôpital public (plus d’une dizaine de mil­lions d’euros). 

La nou­velle direc­trice, Corinne Kren­cker, se sen­tant alors conduite à rela­ti­vi­ser le bas­cu­le­ment au payant, en arguant que d’autres éta­blis­se­ments font éga­le­ment payer les consultants !

Grâce soit donc ren­due à l’hospitalière misé­ri­corde mulhousienne…

Quant à l’inénarrable Mar­tine Des­mouges (évo­quée dans nos articles sur la fer­me­ture des mater­ni­tés de Thann et Alt­kirch), ci-devant repré­sen­tante des usa­gers au titre de la chambre de consom­ma­tion d’Alsace, dési­gnée par l’ARS, et acces­soi­re­ment vice-pré­si­dente du centre socio-cultu­rel Porte du miroir, elle se pro­po­sait de refaire une com­mu­ni­ca­tion pour la presse…

Tou­jours est-il que depuis le mois de jan­vier 2019, le conseil de sur­veillance n’éprouvera plus le besoin d’évoquer le sujet en son sein.

Alors que Jean Rott­ner fai­sait pré­ten­du­ment état, au conseil muni­ci­pal de mars 2019 (voir vidéo plus haut), de larges dis­cus­sions à ce pro­pos au sein du conseil de sur­veillance, soit plus d’une année après que le sujet était com­plè­te­ment éta­bli en petit comi­té et révé­lé, en février 2018, au sein de l’ins­tance hos­pi­ta­lière, il n’a­vait en véri­té jamais été « débat­tu ». Les annonces de la direc­tion y étant unilatérales. 

Le conseil ser­vant, là encore, de simple chambre d’enregistrement.

Il est vrai que le sujet n’a­vait pas davan­tage occa­sion­né de vagues, ni même sou­le­vé de contes­ta­tion en son sein. Que ce soit de la part des repré­sen­tants des usa­gers, ou même des deux repré­sen­tants syn­di­caux CFDT-CFTC qui y siègent de plein droit.

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