Décidément, quand les « Verts » arrivent au pouvoir, leur crédo environnemental préélectoral se dilue dans la Realpolitik que leurs amis sociaux-démocrates manient depuis fort longtemps. En politique aussi, les promesses n’engagent que ceux et celles qui y croient…
Rappelons-nous : la main sur le cœur, les promesses électorales des verts allemands (que les dirigeants d’EELV prennent comme modèle !) étaient la sortie du charbon, du nucléaire et du gaz à plus long terme. Ils exigent l’arrêt de la construction du pipe-line Nord-Stream 2, pas du tout en raison de la politique de Poutine, mais pour accélérer soi-disant la transition énergétique. Ils protestaient violemment contre le gaz de schiste, contre la construction d’unité de regazéification du gaz liquéfié venant des États-Unis ou du Qatar à des prix exorbitants par rapport à celui pratique par la Russie.
Les milieux d’affaires allemands se préparaient à la riposte : la première économie européenne ne pouvait se passer du gaz russe : à proximité et à profusion, il est indispensable pour assurer une relance d’une économie qui a connu un recul du PIB de 5% en dessous de son niveau d’avant-crise en 2021 et pour 2022, initialement prévue à un niveau de 4%, la croissance du PIB est désormais estimée par l’institut IfW Kiel à 2,1%. Un coup de frein dans la reprise économique du pays, plombée par la guerre en Ukraine. En France et dans l’ensemble de la zone euro, les prévisions ont également été abaissées.
De quoi alerter les gouvernements, car cette crise économique à ses racines dans une période antérieure à la guerre en Ukraine. Il ne s’agit donc pas d’un problème conjoncturel.
LES PAYS EUROPÉENS DÉPENDANT DE L’ALLEMAGNE
Le fait que l’Allemagne connaît une crise pourrait avoir un impact direct sur les autres pays européens et particulièrement la France. Le « quoi qu’il en coûte » de Macron est en partie payé par un endettement actuellement supportable grâce à des taux d’intérêt très faible. La France en bénéficie du fait de sa subordination à l’économie allemande, laquelle bénéficie de taux négatifs sur les marchés !
Les accords passés par l’Allemagne avec la Russie sont doublement avantageux : les contrats comportent des prix relativement bas et l’Allemagne devient la plate-forme de distribution du gaz russe dans toute l’Europe. Cette position dominante lui attire les foudres des pays d’Europe du Nord qui voudraient avoir un accès direct à Nord-Stream 2, mais surtout des États-Unis qui voient se fermer des débouchés pour son gaz de schiste liquéfié dont le coût de production est très élevé et ne devient rentable que si les prix mondiaux de l’énergie augmenter considérablement.
La guerre rajoute de la panique à la panique… Les pressions des États-Unis et du reste de l’Europe pour que l’Allemagne renonce au gaz russe ont de premiers effets avec le refus de faire fonctionner Nord-Stream 2. Mais l’autre terminal Nord-Stream 1 fonctionne encore à plein tube, car jamais les Russes n’ont cessé l’approvisionnement de l’Allemagne en énergie. Celle-ci continue pourtant de subir des pressions pour qu’elle cesse d’importer du gaz de Russie. Le grand stratège François Hollande, qui a fait toute la preuve de ses incapacités d’être un homme d’État durant son mandat, intime aux Allemands d’arrêter l’importation. Ce qui est rejeté par le gouvernement social-démocrate, verts et libéraux.
L’EUROPE RENFORCÉE ?
Emmanuel Macron, qui a les mêmes capacités d’homme d’État que son prédécesseur, veut jouer sur son mandat de Président de l’Europe (fonction tout à fait honorifique qui n’a aucune prérogative politique réelle), pour se parer des plumes d’un « négociateur » tous azimuts.
Pour que l’Europe devienne la négociatrice de la fin de la guerre ! Pas de bol, ce sont les Chinois, les Israéliens et à présent la Turquie qui font vraiment évoluer les choses.
Pour que l’Europe se dote de forces armées : manque de chance, la plupart des pays européens se dotent d’armement venant des USA !
Pour que l’Europe devienne une centrale d’achat de l’énergie pour se passer du gaz russe, chose impossible selon tous les spécialistes.
Pire, au moment où il fait sa proposition, on apprend que l’Allemagne, toute seule, a conclu un accord à très long terme avec le Qatar pour assurer ses besoins en gaz…
Piètre bilan d’un piète stratège géopolitique !
L’ALLEMAGNE VA-T-ELLE CONSOLIDER SON LEADERSHIP ?
Manifestement, l’économie allemande peut compter sur son gouvernement pour tenter de consolider son leadership européen. Le vice-chancelier écologiste Robert Habeck, présenté en son temps comme un « dur des durs » de l’écologie, n’exclut pas une relance des centrales à charbon voire de l’énergie nucléaire pour sauver la croissance du pays… À une question posée par une journaliste de la ZDF (qui est plus courageuse que nos si complaisants journalistes) si ces options n’étaient pas un coup de canif dans le contrat gouvernemental, l’écolo pur et dur répond : « Toutes les solutions sont sur la table… » !
Et d’imaginer bien évidemment d’importer du gaz de schiste des États-Unis… alors que l’extraction de ce produit est un désastre environnemental.
Et, cerise sur le gâteau, pour punir les Russes, on fait appel au Qatar dont on connaît les principes démocratiques indiscutables.
L’excellent site d’investigation Blast a publié une série d’articles sur les agissements du Qatar dans le monde, avec des arguments sourcés et non contestés. Pourtant, aucun média français n’a relayé le travail approfondi des journalistes du site dont nous extrayons le passage suivant :
Au Sahel, (…) les poulains que le Qatar y parraine sont d’un autre genre. Sur place, depuis les années 1980, l’émirat se livre à une course de vitesse avec l’Arabie Saoudite pour soutenir l’islamisation des pays d’Afrique du Nord. En ce début d’année 2011, une nouvelle étape est franchie : comme le révèle le document que nous publions, Doha a décidé de financer directement les groupes terroristes islamistes présents sur zone, de la Mauritanie jusqu’au Tchad.
La Realpolitik s’impose y compris chez les Verts quand ils accèdent au pouvoir ! Les bons sentiments s’effacent devant les impératifs de l’économie capitaliste. Et s’il faut importer du gaz issu de la fracturation hydraulique ou venant d’un pays finançant le terrorise, peu importe du moment que cela permet à son pays d’être dominant… Mais l’Europe est en progrès… du moment qu’elle sera allemande !
Salut
Merci pour cet article qui remet les pendule à l’heure !
Jano