Près de deux cents salariés de l’industrie automobile, et de sa chaine de sous-traitance, se sont rejoints le 6 décembre à 11 heures devant la maison du technopole, rue Marc Séguin à Mulhouse, siège du “Pôle du véhicule du futur“, afin de rappeler les enjeux du secteur industriel, et plaider pour que la Région Grand Est face preuve de plus grand volontarisme en matière d’emploi, alors que de nombreux constructeurs, fournisseurs et sous-traitants, sont installés sur le territoire régional, ou encore dans les départements voisins des Vosges, du Doubs ou du Territoire de Belfort.

Citons notamment Stellantis, Renault Sovab, Daimler Ineos, Arcellor Mittal, Faurecia, Mahle Behr, Thyssenkrup, Bosal

Les enjeux sociaux et les challenges technologiques y sont en effet nombreux, dans un secteur industriel en pleine mutation.

Si les véhicules électriques nécessitent moins de main d’œuvre, la fabrication et le recyclage de batteries semble ne pas constituer un enjeu à l’échelle locale, sachant que le véhicule électrique n’est peut-être pas la panacée en matière de décarbonation, surtout lorsque l’on considère le cycle de vie complet d’une automobile, de sa construction à son recyclage…

Se pose par ailleurs les effets de la délocalisation industrielle du véhicule “propre”. Le véhicule électrique de marque Smart est désormais produit en Chine, et non plus dans l’usine de Hambach, en Moselle.

Daimler, le propriétaire de Smart, aura également cédé l’usine ouverte il y a plus de 20 ans, en raison de difficultés conjoncturelles liées à l’épidémie de coronavirus.

Désormais rachetée par le britannique Ineos (spécialisé en chimie), en décembre 2020, avec à la clé une promesse de continuité de l’emploi pour l’ensemble des salariés qui ne sera assurée, au mieux, que jusqu’à avril 2024, afin d’y construire un 4×4 extrêmement polluant…

Oui, mais c’est un véhicule de franchissement à usage professionnel, ce n’est pas le 4×4 de confort que vous garez dans les beaux quartiers à Paris“, s’est précipitamment justifiée Agnès Pannier-Runacher, alors ministre déléguée chargée de l’Industrie dans le gouvernement de Jean Castex, et passionnée par la “magie” du travail en usine, ainsi que l’on s’en souvient dans un rictus émotif :

On se souvient pareillement de la mise au chômage technique de l’équipementier Renault-SOVAB, en raison de pénuries de pièces, liées à la guerre en Ukraine.

Le fait est que les véhicules électriques supposément écologiques ne procèdent que des mêmes logiques économiques mondialisées, fondées sur le flux tendu et le dumping social.

Tout comme la Smart, la Dacia Spring est désormais produites en Chine. La Renault Twingo électrique est de production slovène.

Les constructeurs automobiles semblent ainsi tirer avantage de mesures fiscales et d’aides à la transition écologique, dans les pays consommateurs d’origine, sans contreparties en termes d’emploi créés localement.

A contrario, l’amélioration du ratio compétitivité/cout se traduit pour eux par l’exploitation de salariés dans des pays à faibles coûts de main d’œuvre, une fiscalité plus favorable dans les pays destinataires de production, et des réglementations sociales et environnementales moins exigeantes.

Avec 145 000 salariés, la filière automobile est le secteur industriel le plus important de la grande région et des départements voisins. Elle a connu au cours de ces dix dernières années une baisse significative de ses effectifs, avec 30 000 emplois supprimés, soit 21 % du total.

Pour la CGT, 50% de ces emplois sont menacés dans les 5 années à venir.

Raison pour laquelle la centrale de Montreuil réclame un contrôle des aides publiques et leur remboursement si leur utilisation prévue n’est pas respectée par les industriels. L’interdiction des licenciements boursiers, le plafonnement des dividendes versés aux actionnaires, la semaine de travail à 32 heures, et la réindustrialisation de l’outil industriel français…

La galerie photographique de Martin Wilhelm :

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