L’Union Étudiante, dont fait partie le syndicat mulhousien « Communauté Solidaire des Terres de l’Est » (CSTE), dresse un bilan redoutable des 7 années de présidence Macron pour la jeunesse étudiante, à l’orée de la prochaine rentrée universitaire.
Le rapport très complet de 64 pages, édité par leurs soins, intitulé « 7 ANS SOUS MACRON : UNE JEUNESSE SACRIFIÉE », dénonce une précarisation accrue du quotidien des étudiants.
A commencer par le coût de la vie étudiante : le panier moyen mensuel pour les besoins essentiels a augmenté de 167€, atteignant la somme de 966 euros. Sur 7 ans de présidence Macron, la perte de pouvoir d’achat annuel est ainsi estimée à 2650€ par étudiant.
Situation à Mulhouse et Strasbourg
Sur les loyers privés à Mulhouse, l’année 2023–2024 a connu une hausse moyenne de 27 euros par mois (soit +7%), ou + 324€ euros annuels.
Depuis 2017, l’augmentation aura été de 61euros par mois à Mulhouse, soit une augmentation de 732 euros euros par an.
Les loyers sociaux du CROUS, ont par ailleurs subi une augmentation de 9.94% depuis 2017 sur Strasbourg, soit + 361euros par an.
L’inflation et la spéculation immobilière aggravent la situation. Le rapport met en lumière l’impact de l’inflation sur tous les postes de dépenses étudiantes.
La hausse des loyers, au niveau national, tant dans le parc privé que dans les résidences CROUS, est particulièrement pointée du doigt. Le syndicat dénonce la libéralisation du marché locatif privé, et l’augmentation des loyers CROUS, qui ont contribué à aggraver la précarité du logement étudiant, comme on le voit ci-dessous :
Concernant les transports : depuis 2021, l’augmentation est de 7% sur les abonnements annuels sur Mulhouse. A Colmar, l’augmentation était de 2% en 2022.
TER Grand Est a augmenté ses tarifs de 12% sur la seule période 2023–2024…
A propos de santé mentale et l’accès aux soins psychologiques : le gouvernement a mis en place Santé Psy étudiant, avec 4 séances de psy gratuite auprès d’un.e psy conventionné.e puis 8 et enfin 12 depuis juillet 2024, le tout après le confinement.
Cela constitue une bonne nouvelle, MAIS :
- Le dispositif n’est accessible qu’aux étudiant-es qui dépendent du ministère de l’Enseignement supérieur (donc ne concernent pas ceux/celles qui étudient en art (« HEAR » à Mulhouse et Strasbourg), lesquels dépendent du ministère de la Culture, ou encore d’autres qui dépendent de contrats régionaux…
- Très peu de psychologues sont conventionnés : dans le Haut-Rhin c’est 1 psychologue pour 1623 étudiant-es, et pour Mulhouse c’est 1 psy conventionné pour 3 608, si l’on prend en compte le psychologue affecté au service santé de l’Université, on est à 1 psychologue conventionné pour 2 706 personnes…
Le bilan national au rapport
Dans le bilan dressé par l’Union Étudiante L’Union Étudiante (auquel est affilié la CSTE de Mulhouse), toutes les politiques liées à la jeunesse étudiante menées sous la présidence d’Emmanuel Macron, sont alarmantes.
Elles révèlent une précarisation croissante de ce public, et une perte de pouvoir d’achat sans précédent.
Cette dernière est estimée à 2650 euros par étudiant depuis 2017. Le coût mensuel moyen des besoins essentiels a bondi de 167 euros, atteignant désormais 966 euros.
Cette hausse généralisée touche tous les postes de dépenses : logement, alimentation, frais d’inscription. Voici quelques chiffres édifiants :
- Un étudiant sur deux travaille pour financer ses études
- Deux sur trois sautent régulièrement des repas
- Un jeune sur trois vit sous le seuil de pauvreté
- Le nombre d’étudiants bénéficiaires des aides alimentaires a doublé depuis la crise sanitaire, atteignant 200 000 personnes
La CSTE/Union Étudiante pointe du doigt plusieurs décisions gouvernementales ayant grandement contribué à cette précarisation :
- La hausse des loyers CROUS
- L’augmentation des frais d’inscription
- La fin du repas à 1 euro pour tous
- La réduction des APL (aides personnalisée au logement)
- La création d’une « taxe étudiante » (CVEC)
Le rapport souligne également le non-respect de certaines promesses présidentielles, notamment la construction d’à peine 4864 logements CROUS, sur les 60000 annoncés. Des aides en baisse, malgré une population étudiante croissante. Alors que le nombre d’étudiants augmente, les aides, quant à elles, ne cessent de diminuer :
- Le nombre de boursiers a chuté de 7,8% depuis 2020
- Les APL ont été réduites de 20% et touchent 6% d’étudiants en moins
- Le nombre de bénéficiaires d’aides spécifiques ponctuelles fournies par le CROUS a augmenté de 20% depuis 2017.
L’inflation et la spéculation immobilière aggravent la situation Le rapport met en lumière l’impact de l’inflation sur tous les postes de dépenses étudiantes. La hausse des loyers, tant dans le parc privé que dans les résidences CROUS, est particulièrement pointée du doigt.
L’Union Étudiante dénonce la libéralisation du marché locatif privé et l’augmentation des loyers CROUS, qui ont contribué à aggraver la précarité du logement étudiant. Un appel à la mobilisation et des revendications claires Face à ce constat, l’Union Étudiante appelle à une mobilisation massive pour la rentrée 2024. Leurs trois principales revendications sont :
- La gratuité totale de l’enseignement supérieur public
- La création de 500000 logements CROUS à 250€/mois
- L’instauration d’un revenu d’autonomie de 1216€ par mois pour les jeunes en formation
Plus généralement, le syndicat dénonce une vision élitiste de l’université sous Macron. Elle est réservée aux plus riches, et se place au service des entreprises.
Il exhorte enfin les étudiants à se syndiquer pour lutter contre cette politique jugée néfaste. Des mesures d’urgence sont proposées pour redresser la situation :
- Retrouver les 220€ mensuels de pouvoir d’achat perdu ces 7 dernières années
- Geler les frais d’inscription et supprimer la CVEC
- Rehausser l’accès au droit aux bourses CROUS
- Ré-instaurer le repas à 1€ pour tous
- Geler les loyers et charges dans les logements CROUS
- Construire les 55000 logements manquants promis
Alors que le gouvernement (démissionnaire !) annonce de nouvelles coupes budgétaires, dont 126 millions d’euros en moins pour la vie étudiante, l’Union Étudiante appelle à une rupture radicale avec les politiques menées ces sept dernières années.
Le rapport se conclut sur un appel à l’application du programme du Nouveau Front Populaire, jugé seul capable de financer des politiques d’émancipation de la jeunesse à la hauteur des besoins.
D’autant que l’inscription dans l’enseignement supérieur pèse de plus en plus sur le portefeuille. Fin mai 2024, encore plus discrètement et par une indexation sur l’inflation, le gouvernement a imposé une hausse de 3,5% de tous les frais d’inscriptions, mettant fin au gel instauré en 2020 pour faire face à la précarité étudiante.
Les écoles sous la tutelle du ministère de la Culture font l’objet d’un décret similaire. Cela représente un recul des droits inédit pour les étudiant·es, dont les frais n’avaient jamais été indexés sur l’inflation.