Dans la nuit du samedi 4 mai au dimanche 5 mai, un groupe néo nazi dégradait les affiches du PCF pour les élections européennes dans le quartier de la Fonderie à Mulhouse.
Les tags arboraient des croix celtiques, notamment utilisées, dans les années 1960 par le groupe Occident puis au début des années 1970, par le mouvement Ordre nouveau, et après la dissolution de celui-ci en juin 1973, par les différents mouvements de jeunesses liés à l’extrême droite comme le Parti des forces nouvelles (PFN), le Front de la jeunesse ou le Groupe union défense (GUD).
Également visibles, une menace explicite : « mort des rouges », et le chiffre « 88 » utilisé (pour la huitième lettre « HH », initiales de « Heil Hitler », cri de ralliement nazi) et une référence numérique (14) en lien avec le suprémacisme blanc.
Le PCF68 a réagi le 7 mai dans un communiqué de presse avec pour objet : « Ils ne passeront pas », à la suite de la publication d’un flyer publié le 6 mai par la CSTE, premier syndicat étudiant mulhousien :
CP-tags-neo-nazisPour la section locale du parti communiste « le ventre est encore fécond d’où peut surgir la bête ». Les tags et la menace de mort ciblent les « communistes au travers des figures de nos camarades Roussel et Deffontaines, toute la haine des néo-nazis expose en quelques tags cette idéologie raciste, antisémite et anti-communiste ».
Signalement est déposé auprès du procureur de la République : « afin qu’il se saisisse de ces faits délictueux et qu’il lance une enquête sur ce groupe néo-nazi en vue de le mettre hors d’état de nuire ».
Plus largement, le parti appelle « l’ensemble des républicains, des forces de gauche et écologiste et plus largement l’ensemble du mouvement social, syndical et associatif à faire front commun contre ce poison mortel de l’extrême droite ».
Ajoutant : « Ne nous trompons pas, cette violence néo-nazie est partie prenante du travail de sape engagé par Le Pen, Bardella et Zemmour contre le socle de notre République sociale, notre liberté, notre égalité, notre fraternité ».
L’apparition de tags d’extrême droite accompagne, hélas, régulièrement les affichages antiracistes et la présentation de campagnes électorales des familles de la gauche en général, et cela depuis au moins les années 80, que ce soit à Mulhouse ou ailleurs en Alsace. Ainsi qu’il est rappelé ici, ou là. Et même à l’occasion de distributions directes dans les boites aux lettres, comme à Mulhouse en 2023.
Nous l’évoquions en détail dans un article de juillet 2023.
Ce qui est nouveau, en revanche, est la tonalité politique décomplexée et systémique hostile à la gauche et au mouvement social, dans laquelle ce genre de d’exactions néonazies s’inscrivent désormais de manière soutenue. Et singulièrement en période électorale.
Criminalisation et intimidation de l’action syndicale et associative, notamment environnementaliste, délits d’opinion à coup d’apologie du terrorisme pour les partisans de la paix en Palestine, violence par épuisement idéologique du débat public et ce faisant de la vie politique, en sont les témoins les plus manifestes de l’époque.
Et si l’extrême droite est toujours prompte à jouer le rôle de « chien de garde » du capital contre les travailleurs, nos droits et nos libertés, comme le précise le communiqué du PCF, il n’est pas certain que le fragment du poète Hölderlin qu’on aime à citer en situation de péril : « là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve », ne soit pas déjà un vœu pieu, tant « Les temps maudits » semblent si pressants d’actualité…