Photographies et prises de son de Martin Wilhelm
Cette ressource est accessible gratuitement pour une période de temps limitée. Pour nous permettre de continuer à vous proposer articles, documentaires, vidéos et podcasts, abonnez-vous à partir de 3 euros seulement !
D’une opiniâtreté remarquable depuis près d’une année, le collectif de défense du festival « Scènes de rue », lequel a été supprimé (pour se tenir une année sur deux officiellement) au profit d’un festival pour enfants nommé « pop-up », organisait samedi sa version alternative du festival dans les rues de la ville, de l’après-midi au crépuscule.


Cette nouvelle initiative du collectif est menée en contrecoup à la revisitation enfantine du festival par la municipalité. Celle-ci, considérée comme une régression culturelle par les membres du collectif, qui y voient la disparition effective de « scènes de rue », le festival originel et populaire de spectacle vivant estival, d’une durée de 4 jours, vecteur de lien social, et bulle d’air créative à travers les rues de Mulhouse (notamment les quartiers populaires), tout le long de ces 25 dernières années.
« Pop-up » s’y substituait donc cette année. Il a été surnommé « flop-up » par ceux/celles qui y voient la manifestation patente d’un échec artistique unilatéral de la part de la municipalité. Ce faisant, les partisans de « scènes de rue » se persuadent en outre que le festival (supposément biennal) ne se tiendra pas l’année prochaine, en pleine période de jeux olympiques à Paris.
La mobilisation de ce collectif de citoyens, techniciens et artistes, qui ne manque pas de panache, reste constante depuis de nombreux mois, au travers d’initiatives tous azimuts qui n’ont pas manqué à travers la ville, ainsi qu’il est loisible de le lire dans notre revue de presse, au bas de l’article.
Ont ainsi eu lieu des interpellations à destination des élus, devant le parc expo, alors que se tenait le conseil municipal, ou une action de sensibilisation citoyenne, au travers d’une pétition signée par près de 5000 personnes, voire divers activismes, dont des affichages, se sont succédé sans relâche ces derniers mois.
Plutôt que de subir l’absence de dialogue productif avec la ville, laquelle semble faire sienne un parti pris idéologique malthusien en matière de financement de la culture populaire, il était temps de reprendre l’initiative.
D’où l’idée d’une journée spéciale « off » du festival, pensée pour être un moment festif joyeux d’expérimentations créatives et de partage d’expérience.
Il s’agit, selon Julia Mancini, intermittente du spectacle et principale animatrice du collectif, de « relever la tête et le débat », car tout n’est pas désespéré, d’autant que des « micro-inflexions » semblent se faire jour au sein de l’exécutif municipal, à la suite des mobilisations et actions.
Et pour ce faire, quoi de mieux que d’occuper les rues et de se réunir pour échanger autour de la culture de la fête ? Aussitôt dit, aussitôt fait.
Le programme de la journée était donc substantiel : déambulation artistique et festive au départ de la Tour du Bollwerk, intitulée : Fête de Rue ! Avec une batucada participative, dont vous trouverez ci-dessous un échantillon :
A noter par ailleurs la présence de Jérémy Lamusik, crieur de rue, un concert de Jean-Robin Merlin, et du chanteur et musicien Daniel Muringer (duet concertina) au café Kōhī de la rue des franciscains. La journée se concluait par un rendez-vous à la maison des berges.
Mais la journée s’ouvrait par une rencontre-débat avec « Le parti de la fête », à « La Maison Hotel Mulhouse Centre », située rue Lambert.
Vito Marinese, enseignant en droit à l’Université de Nanterre, y est venu soutenir le collectif au nom du « Parti de la fête », dont le « programme potentiel » est cristallisé sous la forme d’un opuscule de 40 pages paru chez un nouvel éditeur, né à l’occasion de ce projet : « Hic et nunc » (ici et maintenant). Vendu 6 euros au format papier, le livret est également disponible gratuitement en « version pirate », soit en PDF :
pour-un-parti-de-la-fete-version-pirateVito Marinese s’est interrogé sur la notion de fête, et plus généralement de temps libre, en la compagnie de membres du collectif, ainsi que de Loïc Minéry, conseiller municipal « Mulhouse cause commune » et vice-président de Mulhouse agglomération.
On s’y interrogeait pareillement sur la notion de carnaval, et le contrôle politique normatif dont il est aujourd’hui l’objet, notamment à Mulhouse. Et plus largement de l’irruption carnavalesque en tant que surgissement du populaire dans la culture consacrée, telle que Bakhtine la définissait dans son ouvrage consacré à l’oeuvre de François Rabelais, ou comment faire corps politique, au travers de la fête.
En espérant que cette prise d’acte festive et délibérative sur Mulhouse ne s’annonce pas comme un chant du cygne pour le collectif de soutien au festival, aussi sémillant soit-il, tant le niveau d’énergie et de passion mis par le collectif dans la défense du festival fut méritoire.














Déjà paru dans nos colonnes :
Pour contacter le collectif, c’est par ici.