Pho­to­gra­phies et prises de son de Mar­tin Wilhelm

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D’une opi­niâ­tre­té remar­quable depuis près d’une année, le col­lec­tif de défense du fes­ti­val « Scènes de rue », lequel a été sup­pri­mé (pour se tenir une année sur deux offi­ciel­le­ment) au pro­fit d’un fes­ti­val pour enfants nom­mé « pop-up », orga­ni­sait same­di sa ver­sion alter­na­tive du fes­ti­val dans les rues de la ville, de l’a­près-midi au crépuscule. 

Cette nou­velle ini­tia­tive du col­lec­tif est menée en contre­coup à la revi­si­ta­tion enfan­tine du fes­ti­val par la muni­ci­pa­li­té. Celle-ci, consi­dé­rée comme une régres­sion cultu­relle par les membres du col­lec­tif, qui y voient la dis­pa­ri­tion effec­tive de « scènes de rue », le fes­ti­val ori­gi­nel et popu­laire de spec­tacle vivant esti­val, d’une durée de 4 jours, vec­teur de lien social, et bulle d’air créa­tive à tra­vers les rues de Mul­house (notam­ment les quar­tiers popu­laires), tout le long de ces 25 der­nières années.

« Pop-up » s’y sub­sti­tuait donc cette année. Il a été sur­nom­mé « flop-up » par ceux/celles qui y voient la mani­fes­ta­tion patente d’un échec artis­tique uni­la­té­ral de la part de la muni­ci­pa­li­té. Ce fai­sant, les par­ti­sans de « scènes de rue » se per­suadent en outre que le fes­ti­val (sup­po­sé­ment bien­nal) ne se tien­dra pas l’an­née pro­chaine, en pleine période de jeux olym­piques à Paris. 

La mobi­li­sa­tion de ce col­lec­tif de citoyens, tech­ni­ciens et artistes, qui ne manque pas de panache, reste constante depuis de nom­breux mois, au tra­vers d’i­ni­tia­tives tous azi­muts qui n’ont pas man­qué à tra­vers la ville, ain­si qu’il est loi­sible de le lire dans notre revue de presse, au bas de l’article. 

Ont ain­si eu lieu des inter­pel­la­tions à des­ti­na­tion des élus, devant le parc expo, alors que se tenait le conseil muni­ci­pal, ou une action de sen­si­bi­li­sa­tion citoyenne, au tra­vers d’une péti­tion signée par près de 5000 per­sonnes, voire divers acti­vismes, dont des affi­chages, se sont suc­cé­dé sans relâche ces der­niers mois. 

Plu­tôt que de subir l’absence de dia­logue pro­duc­tif avec la ville, laquelle semble faire sienne un par­ti pris idéo­lo­gique mal­thu­sien en matière de finan­ce­ment de la culture popu­laire, il était temps de reprendre l’initiative.

D’où l’i­dée d’une jour­née spé­ciale « off » du fes­ti­val, pen­sée pour être un moment fes­tif joyeux d’ex­pé­ri­men­ta­tions créa­tives et de par­tage d’expérience. 

Il s’a­git, selon Julia Man­ci­ni, inter­mit­tente du spec­tacle et prin­ci­pale ani­ma­trice du col­lec­tif, de « rele­ver la tête et le débat », car tout n’est pas déses­pé­ré, d’au­tant que des « micro-inflexions » semblent se faire jour au sein de l’exé­cu­tif muni­ci­pal, à la suite des mobi­li­sa­tions et actions. 

Et pour ce faire, quoi de mieux que d’oc­cu­per les rues et de se réunir pour échan­ger autour de la culture de la fête ? Aus­si­tôt dit, aus­si­tôt fait. 

Le pro­gramme de la jour­née était donc sub­stan­tiel : déam­bu­la­tion artis­tique et fes­tive au départ de la Tour du Boll­werk, inti­tu­lée : Fête de Rue ! Avec une batu­ca­da par­ti­ci­pa­tive, dont vous trou­ve­rez ci-des­sous un échantillon :

A noter par ailleurs la pré­sence de Jéré­my Lamu­sik, crieur de rue, un concert de Jean-Robin Mer­lin, et du chan­teur et musi­cien Daniel Murin­ger (duet concer­ti­na) au café Kōhī de la rue des fran­cis­cains. La jour­née se concluait par un ren­dez-vous à la mai­son des berges. 

Mais la jour­née s’ou­vrait par une ren­contre-débat avec « Le par­ti de la fête », à « La Mai­son Hotel Mul­house Centre », située rue Lambert. 

Vito Mari­nese, ensei­gnant en droit à l’U­ni­ver­si­té de Nan­terre, y est venu sou­te­nir le col­lec­tif au nom du « Par­ti de la fête », dont le « pro­gramme poten­tiel » est cris­tal­li­sé sous la forme d’un opus­cule de 40 pages paru chez un nou­vel édi­teur, né à l’oc­ca­sion de ce pro­jet : « Hic et nunc » (ici et main­te­nant). Ven­du 6 euros au for­mat papier, le livret est éga­le­ment dis­po­nible gra­tui­te­ment en « ver­sion pirate », soit en PDF : 

pour-un-par­ti-de-la-fete-ver­sion-pirate

Vito Mari­nese s’est inter­ro­gé sur la notion de fête, et plus géné­ra­le­ment de temps libre, en la com­pa­gnie de membres du col­lec­tif, ain­si que de Loïc Miné­ry, conseiller muni­ci­pal « Mul­house cause com­mune » et vice-pré­sident de Mul­house agglomération. 

On s’y inter­ro­geait pareille­ment sur la notion de car­na­val, et le contrôle poli­tique nor­ma­tif dont il est aujourd’­hui l’ob­jet, notam­ment à Mul­house. Et plus lar­ge­ment de l’ir­rup­tion car­na­va­lesque en tant que sur­gis­se­ment du popu­laire dans la culture consa­crée, telle que Bakh­tine la défi­nis­sait dans son ouvrage consa­cré à l’oeuvre de Fran­çois Rabe­lais, ou com­ment faire corps poli­tique, au tra­vers de la fête. 

En espé­rant que cette prise d’acte fes­tive et déli­bé­ra­tive sur Mul­house ne s’an­nonce pas comme un chant du cygne pour le col­lec­tif de sou­tien au fes­ti­val, aus­si sémillant soit-il, tant le niveau d’éner­gie et de pas­sion mis par le col­lec­tif dans la défense du fes­ti­val fut méritoire.

Déjà paru dans nos colonnes :

Pour contac­ter le col­lec­tif, c’est par ici.